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Santé mentale des enfants de 6/11 ans : un instantané (Aurélie Haroche, Journal International de Médecine)

Parmi les différents « enseignements » de l’épidémie de Covid, l’incomplétude des données concernant la santé mentale des enfants et des adolescents a été régulièrement déplorée. Aussi, Santé publique France a-t-elle mis en place différents programmes pour corriger les lacunes observées.

L’étude Enabee, en particulier, est destinée à évaluer la prévalence des troubles émotionnels, oppositionnels et des troubles de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). L’originalité de cette enquête est d’avoir inclus le point de vue des parents, des enseignants et aussi des enfants eux-mêmes : l’étude a bénéficié d’une large participation, au sein de 400 écoles et auprès de 10 000 familles. Bien sûr, l’évaluation ne repose pas sur des diagnostics cliniques, « mais sur une analyse croisée des points de vue déclarés pour chaque enfant, ayant permis d’identifier des symptômes, et au-delà de certains seuils, des troubles probables ».

Pas de différences en fonction du secteur de l’école 


L’étude Enabee permet ainsi d’estimer que 5,6 % des enfants âgés de 6 à 11 ans souffrent d’un trouble émotionnel probable, tandis que 6,6 % semblent éprouver un trouble oppositionnel et que le TDAH concerne probablement 3,2 % de cette population. Ces chiffres sont comparables à ceux retrouvés dans des populations européennes comparables. Parmi les conclusions les plus intéressantes de cette enquête, on retiendra qu’aucune différence n’a été identifiée en fonction du secteur de l’école (école publique hors réseaux d’éducation prioritaire et écoles privées versus écoles publiques REP ou REP +). Par ailleurs, il apparaît que les troubles émotionnels sont plus souvent observés chez les petites filles, quand les jeunes garçons sont plus susceptibles de présenter un trouble oppositionnel ou un TDAH. 


Pas de comparaison possible avec la période pré-Covid


Si ces chiffres permettent de combler différents manques, de nombreuses questions demeurent en suspens. Ainsi, Santé Publique France signale que « des analyses complémentaires doivent encore être réalisées pour prendre en compte d’autres facteurs relatifs par exemple à l’environnement de vie de l’enfant, à sa santé ou celle de ses parents pour pouvoir étudier les associations entre ces facteurs et les prévalences ou le niveau de bien-être ». Par ailleurs, faute de données précédentes, il n’est pas possible de déterminer dans quelle mesure la Covid pourrait avoir eu un impact sur la prévalence des troubles étudiés ; même si les comparaisons internationales paraissent l’exclure. 


Pédopsychiatrie en berne


Ainsi, on le comprend de nouveaux travaux sont attendus. Ils devraient notamment concerner les enfants encore plus jeunes, avec des études en cours dans les écoles maternelles. Par ailleurs, outre l’aspect épidémiologique, ces chiffres doivent permettre d’améliorer la surveillance et la prise en charge. Cependant, on le sait, l’état particulièrement difficile du secteur de la pédopsychiatrie est un frein majeur que l’amélioration des connaissances épidémiologiques ne permettra nullement de lever.

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