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Aléas de la prémédication au midazolam dans les troubles du spectre autistique ( Dr Bernard-Alex Gaüzère, Journal International de Médecine)

Les troubles du spectre de l’autisme (TSA) sont des troubles neuro-développementaux caractérisés par des déficits précoces des interactions sociales et des comportements sensori-moteurs répétitifs. Leur prévalence mondiale est de 62/10 000 et ils sont associés à une déficience intellectuelle chez 11 à 65 % des enfants TSA d’âge scolaire. La prévalence de l’épilepsie dans les TSA est estimée entre 11 % et 39 % des personnes atteintes de TSA et 20 % des patients TSA reçoivent des benzodiazépines, d’autres anticonvulsivants et/ou des antipsychotiques.


Lorsque ces patients doivent souvent subir une anesthésie générale, la prémédication s’impose afin de faciliter l’entrée en salle et d’améliorer la coopération lors de l’induction par inhalation. Le midazolam est souvent préféré pour la prémédication chez les enfants et les patients non coopératifs. Les benzodiazépines agissent en potentialisant l’inhibition neuronale médiée par l’acide gamma-aminobutyrique (GABA). Or, une diminution des récepteurs GABA à la surface des neurones a été récemment, associée à l’apparition des TSA qui pourrait diminuer l’effet du midazolam chez ces patients. En outre, le traitement chronique par les benzodiazépines est associé à une réduction des effets du midazolam.


Une étude rétrospective sur près de 400 patients à besoins spéciaux


Cette étude observationnelle rétrospective a été réalisée entre avril 2017 et août 2018, visait à comprendre l’influence des TSA sur l’effet du midazolam utilisé comme prémédication.


Avant d’induire une anesthésie générale au sévoflurane pour un traitement dentaire, 390 patients non coopératifs âgés de 3 à 65 ans ont reçu une prémédication au midazolam. Une analyse de régression logistique ordinale a été réalisée avec comme variable objective le score Observer’s Assessment of Alertness/Sedation 30 min après la prémédication. L’âge, le sexe, la classe d’état physique de l’American Society of Anesthesiologists, la voie de prémédication, la dose par poids corporel, la présence de troubles spécifiques (TSA, déficience intellectuelle, épilepsie, infirmité motrice cérébrale et autres troubles psychiatriques) et l’administration régulière de benzodiazépines ou de psychotropes autres ont été inclus comme variables explicatives. Le coefficient de corrélation de rang de Kendall a été utilisé pour évaluer la corrélation entre le score de l’évaluation de l’alerte/sédation par l’observateur et le niveau de coopération (1 : réaction négative évidente ; 2 : réaction négative ; 3 : réaction positive ; 4 : réaction positive évidente) pendant l’admission et l’induction par inhalation. Toutes les données ont été extraites des dossiers d’anesthésie et des dossiers médicaux.


Une augmentation du midazolam peut être nécessaire chez certains patients TSA


Dans cette cohorte (âge moyen 15 [7-27] ans), 191 sujets présentaient un TSA parmi lesquels 7,3 % prenaient régulièrement une benzodiazépine (versus 12,6 % dans le groupe non TSA).


L’âge (rapport de cotes de 1,437 [IC 95 % 1,213-1,708], p < 0,001), les TSA (1,318 [1,079-1,612], p = 0,007), la prise de benzodiazépines (0,574 [0,396-0,827], p = 0,002) et la voie intramusculaire (1,478 [1,137-1,924], p = 0,004) ont été significativement associés au score de l’évaluation de l’alerte/sédation par l’observateur, tandis que le score était négativement associé aux niveaux de coopération pendant l’admission (τ = -0,714, p < 0,001) et l’induction par inhalation (τ = -0,606, p < 0,001). En résumé, l’effet du midazolam était plus important chez les patients atteints de TSA et moins important chez les patients recevant régulièrement des benzodiazépines. En outre, les benzodiazépines ont eu un impact plus important sur l’effet du midazolam que les TSA.


Cette étude présente cependant plusieurs limites. Tout d’abord, la gravité du TSA n’a pas été prise en compte. De plus, seul le type de médicaments régulièrement prescrits a été pris en compte, tandis que la durée et les doses ne l’ont pas été. Enfin, les auteurs n’ayant pas pu prédire l’influence de l’autisme sur les effets du midazolam avant l’étude en raison du manque de travaux antérieurs, les facteurs influençant les effets du midazolam ont été examinés sans fixer de taille d’échantillon. D’autres études prospectives sont donc nécessaires.

RÉFÉRENCE


Hanamoto H, Hirose Y, Toyama M, et al. : Effect of midazolam in autism spectrum disorder: A retrospective observational analysis. Acta Anaesthesiol Scand. 2023 May;67(5):606-612. doi: 10.1111/aas.14211.

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