2300 familles, parents-bébés, vont être suivies pendant dix ans par des chercheurs pour permettre de déterminer le rôle des facteurs environnementaux et biologiques dans la survenance d’un trouble du spectre de l’autisme et du neurodéveloppement (TSA-TND). Cette cohorte bénéfice d’un financement de 6 millions d’euros de l’ANR dans le cadre du Plan Investissements d’Avenir.
La recherche a permis de nombreuses avancées dans la compréhension des mécanismes biologiques associés à l’autisme et aux autres troubles du neurodéveloppement. La génétique représente un facteur bien établi de l’étiologie de l’autisme, cependant les données scientifiques suggèrent que le trouble du spectre de l’autisme (TSA) est un trouble d’origine multifactorielle. Les taux de prévalence du TSA sont estimés à 2% dans les évaluations les plus récentes des pays développés. Ils ont considérablement augmenté au cours des 20 dernières années, parallèlement à l’amélioration des pratiques de dépistage et de diagnostic. Cependant, les progrès en matière de dépistage n’expliquent qu’en partie cette augmentation, ce qui soulève un certain nombre de questions sur la contribution des changements environnementaux majeurs survenus ces dernières décennies.
Pour aller plus loin, la Délégation interministérielle pour l’autisme et aux troubles du neuro-développement, en collaboration étroite avec le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, le Ministère des Solidarités et de la Santé et le Secrétariat d’Etat chargé des personnes handicapées identifiait la constitution de bases de données fiables pour la recherche comme l’un des principaux objectifs de la stratégie nationale 2018-2022.
L’appel à manifestation d’intérêt (AMI) « Cohorte autisme au sein des troubles du neuro-développement » a été lancé fin 2019 dans le cadre du Programme Investissements d’Avenir (PIA), aujourd’hui intégré dans France 2030.
C’est dans ce cadre que le projet MARIANNE a été retenu par un jury d’experts internationaux en novembre 2021.
Un projet qui allie l’excellence de la recherche française dans le domaine de l’autisme et l’expertise dans la mise en place de cohortes épidémiologiques en santé
Fruit de deux années de concertations entre chercheurs français (notamment de l’INSERM) et européens, centres de recherche biologique, centres d’investigation clinique et associations de familles, le projet bénéficie du soutien de six centres hospitaliers : le CHU de Lille, le Centre hospitalier Le Vinatier de Lyon, Le CHU de Montpellier, le CHU de Rouen, le CHU de St Etienne et le CHU de Toulouse.
En date du 18 mars 2022, le CHU de Montpellier, promoteur et coordinateur du projet, signe une convention de partenariat avec l’ANR, opérateur de l’Etat pour la gestion des Programmes d’investissements d’avenir dans le champ de l’enseignement supérieur et de la recherche, pour un financement à hauteur de 6 M€.
Le projet est coordonné par le Pr Amaria Baghdadli, responsable du Centre d’excellence sur l’Autisme et les troubles du Neuro-Développement – CeAND (CHU et Université de Montpellier) et chercheuse au Centre de recherche en Épidémiologie et Santé des Populations (CESP) de l’Inserm, et par le Dr Marie Christine Picot, responsable de l’Unité de recherche Clinique et Épidémiologie au sein du même CHU, chercheuse associée (CESP) de l’Inserm, dont les travaux respectifs sont reconnus internationalement dans les domaines de l’autisme et des cohortes épidémiologiques en santé.
Une cohorte prénatale prévue pour durer 10 ans et ciblant l’étude des interactions entre terrain génétique et exposome
Ce projet multidisciplinaire repose sur l’inclusion et le suivi depuis la période prénatale de 1700 « familles » (parents-bébés) ayant déjà un enfant autiste dans la fratrie, comparées à 500 familles de la population générale. Des données cliniques, biologiques et environnementales seront collectées et analysées du second trimestre de grossesse jusqu’à l’âge de 6 ans de l’enfant, âge auquel sera déterminé de façon fiable son diagnostic de TSA ou d’autres troubles neuro-développementaux.
En finançant le projet MARIANNE, la France se dote d’un outil permettant de répondre à la question de l’influence de l’exposome (les atteintes environnementales à la santé humaine) sur les facteurs d’incidence de l’autisme et autres troubles du neuro-développement ainsi que sur les trajectoires de développement à long terme de ces troubles.
Il constituera ainsi la première cohorte prénatale européenne susceptible de répondre avec précision aux questions sur le rôle des facteurs environnementaux en périodes prénatale et postnatale précoce dans la survenue des troubles du neurodéveloppement chez l’enfant. |