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Autisme : il est où le bonheur, il est où ? (Dr Alain Cohen, Journal International de Médecine)

Comme le rappellent des chercheurs exerçant à Manchester et à York (Royaume-Uni), les troubles du spectre autistique (TSA) comportent des difficultés de communication et de socialisation, mais on ignore dans quelle mesure ces problèmes survenant dès l’enfance peuvent compromettre chez les intéressés « des niveaux élevés de bonheur et d’estime de soi» ultérieurs et, plus généralement, un vécu social et affectif « positif. » Pour préciser ces liens entre bonheur, estime de soi, socialisation et autisme, les auteurs ont réalisé une étude de cohorte prospective auprès de 13 285 enfants de 11 ans (dont 408 avec des TSA). Ils ont réparti ces sujets en cinq groupes distincts :

1) Le groupe au « comportement prosocial[1]très faible» (32 % des sujets avec TSA, contre 7 % des sujets sans TSA), caractérisé par des enfants « heureux et avec une haute estime de soi», mais n’affichant pas un comportement prosocial prononcé.
2) Le groupe d’enfants plutôt « peu heureux» (3 % des sujets avec ou sans TSA), incluant des sujets avec « une estime de soi modérée» : malgré leur attitude prosociale, ils se révèlent « les moins heureux.»
3) Les enfants au fonctionnement social « faiblement à modérément positif» (16 % avec TSA, contre 6 % sans TSA) se montrent « modérément heureux et avec la plus faible estime de soi, mais ont « un comportement prosocial.»
4) Les enfants au fonctionnement social « modérément à très positif» (17 % avec TSA, contre 23 % sans TSA), « très heureux, ont un comportement très social», mais n’ont pourtant qu’une « modeste estime de soi.»
5) La majorité des enfants (31 % avec TSA, contre 62 % sans TSA) appartiennent au groupe « optimal» où les sujets se déclarent ou se montrent « très heureux, avec un comportement prosocial prononcé et une haute estime de soi.»
En résumé, comme on pouvait l’estimer d’emblée, les auteurs observent pour la majorité des enfants, une « coexistence» entre les notions de bonheur, d’estime de soi et de comportement prosocial. Mais ils font aussi un constat plus surprenant a priori : même pour près de la moitié des enfants avec TSA à « faible niveau de fonctionnement social», il existe cependant « un bon niveau d’estime de soi, de comportement prosocial et de bonheur.» Cette étude illustre aussi la complexité des phénomènes psychologiques, difficile à cerner par une vision trop réductrice tendant à associer systématiquement des notions comme le bonheur, l’estime de soi et le fonctionnement social.

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