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Tempête sous un crâne : faut-il avoir peur de la neurostimulation électrique ? (Aurélie Laroche, Journal International de Médecine)

Paris, le samedi 2 avril 2016 – Pas une semaine ne passe sans que de nouvelles études portant sur la neurostimulation électrique ne soient publiées. Récemment par exemple, des chercheurs de l’université catholique de Rome présentaient dans Scientific Reports leurs observations concernant les effets de la stimulation transcrânienne à courant direct (tDCS) sur la plasticité de l’hippocampe. Conduits chez des souris, leurs travaux ont mis en évidence que cette technique permettait d’améliorer la mémoire et la qualité des apprentissages des rongeurs. Les chercheurs ont également pu démontrer le rôle joué par une protéine (brain-derived neurotrophic factor) dans cette action de la tDCS. De leur côté, les scientifiques du laboratoire HRL de l’université de Californie sont passés de la souris à l’homme. Leur expérience publiée dans Frontiers in Human Neuroscience a consisté à soumettre trente-trois apprentis pilotes à une technique de stimulation s’inspirant des schémas cérébraux observés chez des pilotes chevronnés. Invités à tester leur aptitude grâce à un simulateur, les candidats exposés à cette stimulation ont présenté de biens meilleurs résultats que ceux du groupe placebo.

Doper son cerveau

Ces différents travaux s’ajoutent à une longue liste d’études portant sur la tDCS. La popularité de cette technique est désormais telle qu’elle n’est plus réservée aux laboratoires de recherche et aux traitements spécifiques de certaines pathologies. Plusieurs start-up se sont fort d’ouvrir les « bénéfices » de la tDCS au grand public. Les exemples fleurissent. Parmi de nombreux autres, la société britannique Foc.us propose depuis peu un appareil de tDCS qui affirme permettre de faciliter l’apprentissage, d’améliorer l’attention ou encore de « renforcer » certaines « fonctions exécutives ». De son côté, la firme Halo Sport vient de présenter également un dispositif de stimulation cérébrale, se présentant comme un casque, délivrant des impulsions de 2.0 mA dans le cortex et promettant lui aussi une amélioration des fonctions cognitives. Ces différentes firmes s’appuient (ou pas !) sur de nombreuses études scientifiques pour étayer leur argumentation.

Prudence

Elles passent sous silence les éventuels risques et les limites. D’abord, les résultats obtenus ne sont pas tous unanimes et peuvent faire l’objet de débats entre les chercheurs et les praticiens. Par ailleurs, l’absence de nocivité de la tDCS est loin d’être certaine, notamment dans le cadre d’un usage répété et non plus seulement à des fins de recherche ou médicales. Un récent article publié dans Rue 89 rappelait par ailleurs des travaux publiés dans Science en 2013 suggérant que la tDCS puisse influencer « la manière dont nous appréhendons certaines normes sociales ». La prudence semble donc s’imposer et dès 2014 plusieurs chercheurs y invitaient dans la revue Neuron.

Mais la stimulation médiatique est telle que leur mise en garde ne semble pas avoir été entendue.

Aurélie Haroche

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