Augmentation du risque d’autisme en cas de maladie auto-immune maternelle et d’infection avant 2 ans (Dr Alain Cohen, Journal International de Médecine)
On sait qu’un contexte inflammatoire pendant la grossesse et pendant la petite enfance peut altérer le neurodéveloppement de l’enfant, augmentant ainsi le risque de trouble du spectre autistique (TSA) chez l’interessé, mais les effets synergiques potentiels de ces deux facteurs (inflammation in utero et dans la petite enfance) demeurent encore méconnus.
Réalisée sous l’égide d’universités d’Australie, de Nouvelle-Zélande et de Singapour, une étude examine l’incidence d’une telle conjonction entre maladies auto-immunes chez la mère, infections infantiles, et TSA associés chez l’enfant.
Les auteurs ont évalué le risque de TSA dans une cohorte de 18 451 enfants exposés à une maladie auto-immune maternelle (comparativement à 36 902 enfants non exposés), nés à terme (37 à 41 semaines) en Nouvelle-Galles du Sud (Australie) entre janvier 2002 et décembre 2008. Les diagnostics auto-immuns maternels et les infections infantiles avant l’âge de 2 ans ont été identifiés à partir des éventuelles hospitalisations maternelles et infantiles, et les diagnostics de TSA confirmés à l’âge de 9 ans. Une régression logistique multivariée[1] a permis d’apprécier l’association entre chaque exposition à un contexte inflammatoire ou infectieux et un TSA, et d’évaluer « l’interaction additive » entre ces deux types d’exposition (affection auto-immune chez la mère et infection chez l’enfant), avec un contrôle des facteurs de confusion possibles.
Mais sans interaction…
Les auteurs constatent que « toute maladie auto-immune maternelle » est associée à un risque accru de TSA (rapport de cotes ajusté = 1,25 ; intervalle de confiance à 95 % IC95 : 1,07–1,47), de même que « toute infection infantile avant l’âge de 2 ans » (rapport de cotes ajusté = 1,38 ; IC95 : 1,15–1,67).
Mais si cette étude confirme ainsi qu’un antécédent familial en l’occurrence la mère atteinte d’une maladie auto-immune durant la grossesse ou qu’un antécédent personnel d’hospitalisation pour une infection avant l’âge de deux ans « augmentent tous deux respectivement le risque de TSA chez l’enfant », elle ne met en évidence aucune preuve d’une interaction additive entre ces deux expositions (contexte inflammatoire prénatal et infantile) avec un excès de risque relatif de TSA.
Toutefois, les auteurs estiment que de futures études pourraient examiner des « interactions potentielles » entre d’autres sources d’activation immunitaire maternelle, des infections dans l’enfance et leur impact sur les TSA ou sur d’autres troubles neuro-développementaux.
[1] https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0181551213002490
RÉFÉRENCE
Nielsen TC et coll.: Association of maternal autoimmune disease and early childhood infections with offspring autism spectrum disorder: A population-based cohort study. Autism Research, 2022(12): 2371–2380. doi: 10.1002/aur.2824.