Les TSA, à l’aune de la COVID-19 (Dr Alain Cohen, Journal International de Médecine)
Sans surprise, des études suggèrent que les personnes avec des troubles du spectre autistique (TSA) sont affectées négativement par la COVID-19 et les restrictions associées à cette pandémie : confinements, fermetures d’établissements « non essentiels », limitations des contacts, distanciation sociale…
La revue Autism Research présente une étude sur ce thème, signée par des chercheurs exerçant en Australie, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, avec l’objectif d’examiner la continuité et l’évolution de la solitude et du stress chez 448 adultes autistes et chez 70 adultes non autistes vivant aux Pays-Bas.
Une étude au fil des confinements
Les participants avec TSA ont été évalués trois fois, à l’aide d’outils dédiés : l’échelle de solitude de De Jong Gierveld[1] et l’échelle du stress perçu[2] : avant le premier confinement (T0), lors du premier confinement (T1) puis lors du second confinement (T2). Les sujets-témoins (participants non autistes) ont été évalués seulement à deux reprises (aux périodes T1 et T2). On constate que les niveaux de solitude et de stress des adultes avec TSA sont restés stables au cours de ces trois périodes sur 8 mois, mais systématiquement plus élevés que ceux des adultes sans TSA.
Un stress élevé mais stable
Des prédicteurs de niveaux de solitude et de stress plus élevés lors du premier confinement comprennent un faible soutien social perçu et des niveaux élevés d’inquiétudes liées à la COVID-19. Malgré la stabilité des niveaux de solitude et de stress, on observe une détérioration du bien-être perçu par certains adultes avec TSA contrastant avec une amélioration pour d’autres.
Ainsi, les adultes ayant reçu avant la pandémie un diagnostic psychiatrique (autre que l’autisme) se révèlent plus susceptibles d’augmenter leur stress avec le temps, alors que les adultes bénéficiant d’un soutien social perçu plus élevé sont au contraire plus susceptibles de diminuer leur stress avec le temps (entre T1 et T2).
Globalement, les adultes avec TSA déclarent s’être sentis plus seuls et stressés que les adultes non autistes pendant la COVID-19. Mais en moyenne, cette pandémie n’a pas significativement modifié leur degré de solitude ou de stress au fil du temps, malgré l’existence de grandes différences d’une personne à l’autre en matière de bien-être chez les adultes autistes, pendant la pandémie.
Les auteurs estiment que les facteurs contribuant à la variabilité des résultats nécessitent un examen plus approfondi et que des niveaux de solitude et de stress relativement élevés chez les adultes autistes appellent l’attention des cliniciens.
[1]https://mvda.info/sites/default/files/field/resources/De%20Jong%20Gierveld%20Lonliness%20Scale.pdf
[2]https://newsletters.yapla.com/ckfinder/core/connector/php/connectoimage/company/CPYqCPtn1Wxyx4LOeS2QlIc/files/V3%20FR%20Perceived%20Stress%20Scale.pdf
Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCE
Scheeren AM, Howlin P, Pellicano L, et al. Continuity and change in loneliness and stress during the COVID-19 pandemic: A longitudinal study of autistic and non-autistic adults. Autism Res. 2022 Sep;15(9):1621-1635. doi: 10.1002/aur.2787. Epub 2022 Aug 5. PMID: 35930166; PMCID: PMC9538450.