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Bataille de chiffres pour estimer la prévalence des TSA (Dr Alain Cohen, Journal International de médecine)

Comme le rappellent des praticiens exerçant au Canada et aux États-Unis, une bonne estimation de la prévalence des troubles du spectre de l’autisme (TSA) est importante pour éclairer les politiques publiques, sensibiliser et élaborer des priorités de recherche. Par exemple, cette évaluation permet de prévoir correctement les effectifs de jeunes et d’adultes susceptibles de relever de structures d’éducation et de soins adaptées (comme les Instituts Médico-Éducatifs et les Établissements et Services d’Aide par le Travail en France), pour inciter les décideurs et les financeurs à anticiper la création des capacités d’accueil adéquates.


Lors d’une revue systématique (sur la base de données bibliographiques MEDLINE), les auteurs ont actualisé une recherche antérieure (réalisée en 2012) sur la prévalence mondiale de l’autisme, en examinant les facteurs de variabilité des estimations et les hypothèses sur des déterminants biologiques ou sociaux des TSA (sexe, statut sociodémographique, origine ethnique…) pouvant modifier les estimations de la prévalence de l’autisme.


Une large fourchette


Analysant 99 estimations publiées depuis 2012 dans 71 études sur ce thème, les auteurs observent une prévalence médiane de l’autisme de l’ordre de 100 cas pour 10 000 personnes, soit près de 1 % de la population mondiale, mais avec une variation considérable d’un pays à l’autre, puisque la fourchette va de 1,09 cas pour 10 000 à 436 cas pour 10 000. En comparant cette évaluation à celle (moins récente) fournie par les moteurs de recherche comme Google (indiquant que plusieurs études, essentiellement européennes et nord-américaines, recensent 60 à 70 cas de TSA pour 10 000 personnes, soit 1 personne sur 150 ou 0,6 à 0,7 % de la population mondiale), on constate ainsi une nette augmentation de la prévalence : environ +35 %. Autres statistiques intéressantes : le ratio médian hommes/femmes des sujets avec TSA, estimé à environ 4,2 hommes pour une femme, et le pourcentage médian de cas d’autisme avec déficience intellectuelle concomitante, autour de 33 %. Ce taux relativement modeste (un tiers) peut surprendre les psychiatres voyant de jeunes autistes en institution (hôpitaux de jour, CMP, IME…) car les sujets avec autisme de bon (voire de haut niveau) intellectuel y semblent au contraire moins fréquents que ceux avec un faible niveau, mais cela tient sans doute à un biais de sélection, car les sujets avec TSA et comorbidité (notamment une déficience intellectuelle associée) ont bien sûr plus de risques de fréquenter ces structures de soins.


Mais une prévalence en hausse


Cette étude confirme l’augmentation de la prévalence de l’autisme dans le monde qui reflète, estiment les auteurs, les effets combinés de plusieurs facteurs, en particulier la sensibilisation et la réponse de santé publique à l’échelle mondiale, et les progrès dans l’identification et la définition des cas. Confirmer les hypothèses étiologiques sur cette augmentation de la prévalence des TSA nécessitera d’autres recherches avec de grands échantillons représentatifs et des critères de diagnostic de l’autisme comparables dans diverses régions du monde au fil du temps.


Dr Alain Cohen

RÉFÉRENCE
Zeidan J et coll.: Global prevalence of autism: A systematic review update. Autism Research, vol 15, 2022(5): 778–790.

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