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Lyon expérimente Digitrack pour le dépistage des enfants (Anne-Gaëlle MOULUN, Le Quotidien du Médecin)

Détecter le plus tôt possible les troubles du neurodéveloppement de l’enfant, tel est l’objectif de l’outil Digitrack de l’entreprise lyonnaise Sibius. Pendant trois mois, fin 2021, la Métropole de Lyon a mené une expérimentation dans des écoles des 3 e et 6 earrondissements, qui a permis de tester 115 enfants.

Le Digitrack est un outil développé par l’Institut des sciences cognitives Marc Jeannerod du CNRS qui permet d’évaluer l’état cognitif d’un sujet au travers de l’exploration tactile d’images floues sur une tablette. À l’aide de son doigt, le sujet doit parcourir une image entièrement floue pour la découvrir. Les mouvements effectués par le doigt sont captés et analysés par l’intelligence artificielle de la plateforme technologique de l’entreprise Sibius. La comparaison des résultats du sujet avec les données d’une population neurotypique de mêmes caractéristiques permet la détection précoce de troubles cognitifs tels que l’autisme pour une prise en charge efficace au plus tôt. « C’est un outil de mesure, pas de diagnostic », précise Corinne Avelines, directrice générale (CEO) de Sibius, qui indique que le Digitrack a reçu la certification CE en 2021 comme dispositif médical de classe 1.


Pour tester cet outil sur le terrain, Sibius et la Métropole de Lyon, dans le cadre de ses missions de protection maternelle infantile (PMI), ont noué un partenariat et lancé une expérimentation en septembre 2021. Une équipe constituée de sept puéricultrices et deux médecins intervenant dans huit établissements répartis dans les 3e et 6e arrondissements de Lyon a pu réaliser la collecte de données au sein des écoles et des PMI concernées.


« Cette étude avait pour objectif de tester des enfants sans symptômes afin de promouvoir l’idée d’un dépistage systématique pour vérifier le développement d’un enfant. L’âge moyen de détection de l’autisme en France est de sept ans et notre technologie fonctionne dès l’âge de deux ans », souligne Corinne Avelines.


115 enfants testés


« Nous avons testé cet outil dans le cadre des bilans de santé scolaires sur des enfants de trois à quatre ans de petites et moyennes sections, pendant trois mois, mais aussi dans des consultations de PMI, explique la Dr Audrey Hidalgo, médecin en PMI à Lyon. C’était plutôt ludique pour les enfants et bien accepté par les parents. »


Au total, 115 enfants de trois à quatre ans ont été testés. Parmi eux, 23 ont eu des explorations atypiques. « Cela signifie que l’enfant n’explore pas de façon stéréotypée les images, ce qui ne veut pas dire qu’il est autiste, insiste Corinne Avelines. Pour comprendre pourquoi l’exploration est atypique, on a passé en revue tous les cas avec les médecins et les puéricultrices, pour comprendre l’environnement de l’enfant et comparer avec l’évaluation. »


Ainsi, sur les 23 enfants, dix étaient déjà identifiés comme ayant des troubles du comportement liés à leur environnement ou des troubles liés à un problème médical. Parmi les 13 autres, les médecins et les puéricultrices ont décidé d’enclencher des actions pour voir s’il fallait faire des bilans ou des dépistages. « La solution de Sibius donne une indication, une alerte, pour permettre aux médecins de creuser l’information et de prendre les mesures nécessaires », résume Corinne Avelines. Si le cœur des travaux de l’entreprise concerne la détection précoce de l’autisme chez les enfants, Sibius s’oriente également vers les personnes âgées, pour détecter précocement des maladies neurodégénératives.

Anne-Gaëlle Moulun

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