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Troubles du neuro-développement : limiter le handicap par un repérage précoce (Dr Caroline Martineau, Le Quotidien du Médecin)

Dans les troubles du neuro-développement (TND), l’enjeu est d’agir tôt. Quelque 35 000 enfants naissent chaque année en France avec un TND et sont diagnostiqués en moyenne vers l’âge de sept ans. Les TND sont, la plupart du temps, repérables avant la fin de l’école maternelle et se modifient jusque dans l’adolescence (DSM-5). Leur détection précoce permet de mettre en place, le plus tôt possible, un accompagnement adap­té pour pallier les troubles du comportement et des apprentissages et limiter le sur-handicap. C’est l’objet du forfait bilan et intervention précoce de la stratégie nationale contre les TND.

Les TND regroupent les troubles du développement de la communication et des interactions sociales (autisme), du développement intellectuel (déficience intellectuelle ou retard mental), du développement de l’attention (trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité ou impulsivité) et des fonctions associées (mémoire de travail, contrôle exécutif…) mais aussi les troubles d’acquisition du langage ou des coordinations (dysphasies, dyspraxies) ainsi que des apprentissages scolaires (dyslexie, dysorthographie, dyscalculie, etc.).

Le généraliste en première ligne

Les TND sont de nature multiple (génétique, environnementale) et peuvent être associés à d’autres troubles (visuels, auditifs, mais aussi l’épilepsie, etc.), dont les causes et/ou les facteurs de risque sont communs. D’où l’importance de la consultation préconceptionnelle et de l’entretien du quatrième mois de grossesse.

Le médecin traitant a un rôle majeur, en première ligne, en identifiant les enfants ayant un facteur de risque (cf encadré) et/ou des écarts inhabituels de développement. Il peut prescrire un parcours de bilan et d’intervention précoce, orienter l’enfant et sa famille vers une plateforme de coordination et d’orientation s’il existe une forte suspicion, ou choisir de réévaluer l’état clinique de l’enfant lors d’une consultation à trois mois. À la phase diagnostique, un avis pluridisciplinaire est quasiment toujours nécessaire mais le médecin traitant peut être, par la suite, le référent du suivi du TND.

Observer l’enfant, écouter les parents

Entre zéro et six ans, l’enfant se développe dans cinq grands domaines : motricité globale, et fine, langage, perception-cognition et socialisation. Les TND se repèrent grâce à un faisceau d’indices qui peuvent alerter les parents ou les personnes de l’entourage du bébé ou du jeune enfant.

Comme le décrit la Pr Catherine Barthélémy, pédopsychiatre et membre du Conseil national des troubles du spectre autistique et des TND : « les signes d’alerte peuvent être des troubles moteurs, par exemple une faiblesse musculaire de la nuque qui fait que l’enfant ne se tient pas bien, un retard d’acquisition de la marche, de la parole, une pauvreté des échanges de regards ; les parents peuvent remarquer que le bébé ne se retourne pas lorsqu’on lui parle, qu’il ne tend pas les bras lorsqu’on se penche vers lui, qu’il ne suit pas du regard un objet lumineux, qu’il ne gazouille pas, ou encore, vers 18 ou 24 mois, qu’il ne pointe pas du doigt un objet qu’il veut désigner. »

Facteur de risque ne dit pas pronostic

La plateforme organise la mise en œuvre des bilans nécessaires en son sein, dans des structures spécialisées ou chez des professionnels libéraux. L’intégralité du parcours est prise en charge par l’Assurance-maladie, y compris les interventions des psychologues, ergothérapeutes, psychomotriciens exerçant en libéral, dont les bilans n’étaient jusqu’alors pas remboursés.

L’annonce du repérage du TND est une obligation déontologique et doit être réalisée si possible en présence des deux parents. Elle doit expliquer la notion de facteur de risque, qui peut rendre un suivi nécessaire mais ne présage pas du pronostic. Il est en effet indispensable de faire participer les parents à la prise en charge et de les valoriser dans leur fonction parentale : l’altération de la qualité des interactions entre l’enfant et sa famille du fait des troubles de la régulation émotionnelle peut avoir des répercussions sur le pronostic. L’aide des associations de familles ou de psychothérapeutes formés aux TND est souvent nécessaire.

*TND : repérage et orientation des enfants à risque, février 2020

Dr Caroline Martineau

 

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