Prendre en charge la vulnérabilité des personnes autistes (Dr Aliand Cohen, Journal International de Médecine)
Réalisée à l’Université de Cambridge (Royaume-Uni) avec notamment la participation de Simon Baron-Cohen (chercheur réputé sur l’autisme), une étude est consacrée aux « expériences de vulnérabilité » et de satisfaction (ou d’insatisfaction) dans l’existence éprouvées par les personnes autistes.
Utilisant cet outil auprès de 426 adultes autistes et de 268 sujets-contrôles (normotypiques), les chercheurs ont comparé dans les deux groupes les probabilités d’être confronté à chaque événement de l’outil VEQ, en recourant à un modèle de régression logistique binaire et ont analysé les liens éventuels entre le score total au VEQ, l’autisme, la satisfaction dans l’existence, et un contexte anxieux ou dépressif.
Beaucoup plus d’expériences « négatives » en cas d’autisme
Ces deux groupes ont des niveaux de scolarité semblables et la majorité (97 %) des participants autistes ne présentent pas de déficience intellectuelle (ce qui introduit un biais, comparativement à la population autiste en général où la proportion de la déficience intellectuelle est estimée plutôt à 55 %, mais ce biais s’explique par les contraintes d’une enquête en ligne pour laquelle la compréhension des consignes exige une bonne efficience intellectuelle). Les auteurs constatent que les participants autistes ont des scores de vulnérabilité plus élevés que les adultes non autistes pour la majorité des événements du VEQ. Ils disent aussi présenter davantage de symptômes d’anxiété et de dépression et une plus faible satisfaction dans la vie.
Ces différences sont « associées en partie au score total au VEQ » et cette recherche permet de mettre en évidence chez les adultes autistes des facteurs de vulnérabilité importants, mais parfois peu étudiés, comme la violence domestique, le contact avec les services sociaux (en tant que parents), et les difficultés financières. Confirmant la sensibilité accrue des adultes autistes aux divers « aléas négatifs » de l’existence (en particulier les difficultés professionnelles et les problèmes économiques ), cette étude souligne le besoin de réduire cette vulnérabilité en améliorant la prise en charge des sujets concernés : soutien psychologique, protection sociale…
Dr Alain Cohen