« De nouvelles pistes pour expliquer l’autisme » (synthèse d’un article paru dans le journal Les Echos et publié dans la revue de presse de Mediscoop)
Les Echos note qu’« une étude française vient remettre en cause le modèle théorique dominant concernant les anomalies cérébrales à l’origine du fonctionnement mental atypique des personnes avec autisme. Mais la recherche n’en continue pas moins d’avancer… ».
Le journal rappelle qu’« il y a 2 ans, une étude parue dans Nature […] avait établi que les enfants dont le cerveau grossissait plus vite que la moyenne au cours de leur première année de vie avaient davantage de risques d’être diagnostiqués comme autistes à l’âge de 2 ans ».
« La cause de cette croissance cérébrale atypique, qui s’arrête brutalement au bout de quelques années, demeurait jusqu’ici une énigme. Celle-ci vient peut-être de trouver un début d’explication avec une nouvelle étude parue […] dans Nature Neuroscience », indique le quotidien.
Les Echos explique que « leurs auteurs, dirigés par Simon Schafer du Salk Institute (La Jolla, Californie), se sont intéressés à la croissance des cellules nerveuses elles-mêmes. […] Ils ont prélevé à des personnes autistes et non autistes des cellules de peau, avant de les transformer in vitro en cellules souches neurales – le « moule » dont sortiront, ensuite, tous les types de cellules nerveuses : neurones, cellules gliales (assurant la nutrition et l’entretien des neurones), etc. ».
« Ils ont constaté que les cellules nerveuses provenant de personnes souffrant d’autisme se développaient plus rapidement que celles des non-autistes, devenaient plus grosses, se dotaient d’excroissances plus élaborées », note le journal.
Il ajoute : « Phénomène sous-jacent également mis en lumière par les chercheurs américains dans la même étude, les gènes responsables de cette neurogenèse s’expriment plus vite et plus tôt dans les cellules provenant de personnes autistes. La raison en serait liée à une différence au niveau de la chromatine, cette structure au sein de laquelle l’ADN se trouve empaqueté et compacté. Cette chromatine serait plus ouverte et plus facilement dépliable chez les autistes, accélérant d’autant le processus génétique responsable de la neurogenèse ».
Les Echos remarque qu’« il arrive aussi que les nouvelles études remettent en cause certaines théories laborieusement construites. C’est le cas de celle réalisée par une équipe de chercheurs français dans le cadre d’une collaboration entre la Fondation FondaMental, l’Inserm, l’institut NeuroSpin du CEA et l’hôpital Henri-Mondor, et dont les résultats remarqués ont été publiés en novembre dernier dans la revue Brain ».
Le quotidien explique ainsi que « les chercheurs ont pu bénéficier des données exceptionnellement complètes et détaillées de la cohorte InFoR-Autism, elle-même fruit d’une collaboration entre la Fondation FondaMental, l’Inserm et l’Institut Roche. Un autre atout décisif a été la récente mise au point, à NeuroSpin, d’un atlas modélisant très précisément, chez les non-autistes, les connexions dites à courte distance, reliant les neurones de zones adjacentes du cerveau ».
Les Echos précise que les auteurs « ont utilisé une méthode d’imagerie plus adéquate que celles précédemment employées : l’IRM de diffusion (IRMd), permettant de visualiser le déplacement des molécules d’eau le long de la gaine de myéline enveloppant les axones ».
Le journal note que « si le déficit de connexions longue distance paraît acquis […], il n’en va pas de même de l’excès supposé de connexions courte distance. […] Les auteurs de l’étude ont au contraire constaté un… déficit de connexions courte distance. Du moins s’agissant de 13 des 63 faisceaux répertoriés et modélisés dans l’atlas ».
Marc-Antoine d’Albis, psychiatre à Henri-Mondor et principal auteur, remarque : « La force de notre étude, c’est qu’elle montre une corrélation entre, d’une part, ce déficit de connexions courte distante et, de l’autre, le déficit de cognition sociale que l’on observe chez la plupart des personnes avec autisme ».
« Reste que, comme il le dit lui-même, ce résultat n’est, à l’heure actuelle, nullement généralisable à tous les autistes, l’étude de Brain n’ayant porté que sur des adultes de sexe masculin et dits «autistes de haut niveau» parce que maîtrisant le langage », relève Les Echos.
Le journal souligne que « d’autres investigations seront à conduire, notamment sur les enfants, pour savoir si cette anomalie de la connectivité à courte distance est bien un trait spécifique de l’autisme, et non un simple effet de l’âge ne se rencontrant que chez les adultes ».
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