Skip links

Financement de la dépendance : la deuxième journée de solidarité, c’est pas gagné (Elsa Bellanger, Le Quotidien du Médecin)

Qualifiée de « piste intéressante » par Emmanuel Macron, lors de son intervention télévisée dimanche, l’idée d’instaurer une seconde « journée de solidarité », c’est-à-dire une journée travaillée mais non payée pour financer la dépendance, est très loin de faire consensus.

Cette proposition, avancée dans un premier temps par la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, divise d’abord Les Républicains. Le président du parti, Laurent Wauquiez, y voit un « impôt déguisé ». Selon lui, la première journée, instaurée en 2003 par Jean-Pierre Raffarin, après la canicule et ses 15 000 morts, « n’a pas été une grande réussite ». Les deux milliards à la clé ne sont « de toute façon pas à la hauteur des besoins », a-t-il déploré devant des députés LR. En 2017, la journée de solidarité a tout de même rapporté 2,37 milliards d’euros – dont 1,42 milliard est revenu aux personnes âgées et 946 millions aux personnes handicapées, selon la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA).

Mais de son côté, le président du groupe des sénateurs LR, Bruno Retailleau, s’est dit « favorable à cette fameuse deuxième journée donnée », même s’il pense lui aussi que « ça ne suffira pas ». « C’est relier nos standards sociaux à la quantité de travail que nous produisons, parce que malheureusement, en France, on a une durée de travail plus courte que les autres nations », a-t-il commenté sur BFM TV/RMC.

Baisse de pouvoir d’achat 

Pour la CFDT, la mesure est « injuste et loin d’être à la hauteur des enjeux ». Selon le syndicat, qui demande au gouvernement « d’arrêter les bricolages sur le financement de la protectionsociale », l’instauration de cette seconde journée équivaudrait à une perte de pouvoir d’achat de 0,3 %. Face au « besoin urgent de moyens supplémentaires », la CFDT propose le financement du risque universel par des impôts affectés reposant sur les revenus, à l’instar de la CSG.

Son de cloche similaire chez le député PCF André Chassaigne, président du groupe communiste à l’Assemblée, pour qui « c’est la cerise sur le gâteau du président des riches » : « On a sur le budget 2 018 des cadeaux faramineux qui sont faits aux plus riches (…) On fait des cadeaux qui au final vont alimenter l’évasion fiscale, avec des sommes d’argent colossales, des milliards qui vont partir dans les paradis fiscaux et on dit aujourd’hui qu’il faut que ce soit les salariés, les travailleurs, qui puissent travailler une journée gratis pour financer la dépendance », a-t-il réagi sur RFI.

Rien n’est exclu

Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a jugé lui-même que la suppression d’un jour férié ne va pas « régler la question du grand âge, ça ne suffira pas, ce n’est pas un coup de baguette magique ». Interrogé sur FranceInfo, il a estimé que des « réformes structurelles » étaient nécessaires et qu’il « n’est pas à exclure qu’on ait un effort à fournir ». « Avant de savoir comment on va financer, il faut savoir ce qu’on va faire », a-t-il déclaré, ajoutant que « c’est sur quoi le gouvernement travaille, mais a prioriaucune piste n’est exclue ».

Laisser un commentaire

Ce site utilise des cookies pour améliorer votre expérience.
Home
Account
Cart
Search