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Pas de personnes handicapées sans solution ? Chiche ! (Aurélie Haroche, Journal International de Médecine)

Paris, le mercredi 7 février 2018 – Les limites de la France en ce qui concerne l’accueil des personnes handicapées, notamment celles souffrant de handicap mental et de manière plus marquée encore après le passage à l’âge adulte, ont été dénoncées à de nombreuses reprises. Notre pays a ainsi même pu être épinglé par sa propre justice en raison de ses manquements. Ainsi, en octobre 2013, l’État avait été condamné à trouver dans les quinze jours un établissement pour accueillir Amélie Loquet, âgée de 19 ans, lourdement handicapée et laissée sans solution depuis sa sortie de l’adolescence.

Nouveau départ

Cette décision avait fait l’effet d’un électrochoc pour les pouvoirs publics qui avaient décidé de lancer le programme « une réponse accompagnée pour tous » qui suppose sur le terrain une meilleure coordination des différents acteurs en vue de trouver pour chacun un dispositif adapté. Fin 2015, vingt-quatre départements s’étaient engagés dans ce système et ils étaient 90 en 2017. Désormais, l’heure de la généralisation a sonné comme l’a indiqué le secrétaire d’État aux personnes handicapées, Sophie Cluzel, vendredi dernier. Saluant un « nouveau départ », la responsable gouvernementale a souhaité que le plus souvent possible la réponse suppose une intégration dans le « milieu ordinaire ». Plusieurs tables rondes étaient par ailleurs organisées pour évoquer les différents enjeux en présence : la transformation de l’offre d’accompagnement, la « pair-aidance » dans les établissements, l’élaboration du « plan d’accompagnement global » ou encore l’évolution des pratiques professionnelles.

Paroles aux actes

Pour autant, de bonnes intentions ne font pas tout et on ne peut toujours venir à bout d’années de cloisonnements et de blocages administratifs grâce à quelques bonnes paroles. Les familles se montrent parfois déçues, comme le relève l’Union des associations de personnes handicapées mentales et leurs proches (Unapei) dont le vice-président Pierre Lagier évoque des résultats mitigés. Dans les faits, les solutions proposées sont en effet plus souvent « temporaires » que pérennes. Il remarque encore : « C’est un dispositif très ambitieux dans les discours et les idées, il faut maintenir une mise en œuvre effective qui nécessite qu’on mette les moyens correspondants et que la société se transforme » insiste-t-il. Les chiffres semblent confirmer le bien-fondé de la déception de Pierre Lagier : l’accueil des personnes handicapées ne s’est pas amélioré ces dernières années. On comptait ainsi fin 2016 plus de personnes handicapées accueilles dans les établissements belges (plus de 7 000) qu’en 2015 (6 800). Reste à savoir si le doublement de l’enveloppe dédiée à la prévention des départs en Belgique suffira à freiner ce phénomène, qui n’est qu’un aspect du problème puisqu’on compte également des milliers de personnes pour lesquelles même l’exil en Belgique est impossible.

Vidéo de présentation du dispositif : http://handicap.gouv.fr/actualites/generalisation-reponse-accompagnee

Aurélie Haroche

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