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Promouvoir la recherche en psychiatrie (Dr Alain Cohen, Journal International de Médecine)

« Après des décennies de recherche en neurosciences psychiatriques, nous n’avons pas fait assez de progrès pour offrir des explications causales » des troubles mentaux, déplore l’éditorialiste de JAMA Psychiatry, exerçant lui-même au McLean Hospital de la Faculté de Médecine d’Harvard (Massachusetts, États-Unis). L’absence de progrès décisifs pénalise notamment la démarche diagnostique et thérapeutique, car une conception physiopathologique plus précise de la nosographie psychiatrique permettrait d’orienter un « choix de traitements rationnels. »

À défaut de telles avancées, la discipline s’en tient, constate l’auteur, à une « approche utilitariste » qui propose de repérer certaines anomalies neurobiologiques chez les sujets souffrant de troubles psychiatriques, comme une « base possible pour un diagnostic et un traitement, indépendamment de certitude étiologique. » Mais en l’absence de spécificité, les anomalies ainsi repérées demeurent d’un apport modeste, car des anomalies similaires peuvent se rencontrer dans des affections diverses, et on constate une « grande hétérogénéité au sein des populations de patients. »

L’auteur propose trois critères pour guider la recherche en neurosciences. D’abord, les anomalies observées doivent « correspondre à la réalité clinique observable » et présenter une bonne spécificité : en d’autres termes, il faut « les retrouver chez des patients avec des troubles identiques, mais pas chez des patients avec des troubles différents. » En second lieu, les investigations en neurosciences visent à fournir un « cadre explicatif de l’évolution diachronique » des pathologies qui nous permette de comprendre « non seulement pourquoi tels troubles affectent les patients, mais aussi comment ils sont susceptibles de se modifier dans le temps. » Enfin, ces efforts de recherche devraient nous permettre de « comprendre le cadre complexe des comorbidités en psychiatrie » et de savoir pourquoi « beaucoup de patients, mais pas tous, empruntent divers symptômes dans plusieurs secteurs de la psychopathologie. » Existe-t-il des mécanismes psychopathologiques différents en fonction des régions du cerveau concernées ? Et ces mécanismes peuvent-ils nous aider à « prédire les présentations cliniques des patients ? » Pour l’auteur, les recherches en neurosciences « sont loin de satisfaire tous ces critères », mais peuvent déjà « fournir une partie de l’impulsion, des modèles et des résultats pour y parvenir. »

Dr Alain Cohen

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