Des suppléments vitaminiques en début de grossesse pour réduire le risque d’autisme ? (Dr Roseline Péluchon, Journal International de Médecine)
Les facteurs de risque des troubles du spectre autistique sont encore mal connus. L’hérédité y contribuerait à hauteur de 50 à 80 %. Les facteurs non héréditaires gardent donc une part substantielle de responsabilité. Parmi ceux-ci, les facteurs nutritionnels ont fait l’objet de nombreux travaux, et notamment l’impact que pourraient avoir les suppléments alimentaires pris par la mère pendant la grossesse. Les résultats de ces travaux sont contradictoires et une clarification serait bienvenue.
C’est la raison pour laquelle une équipe internationale a réalisé une étude rétrospective de cohorte, incluant 273 107 couples mère-enfant. Les enfants devaient être nés entre 1996 et 2007 et avaient donc entre 4 et 15 ans à la fin du suivi en décembre 2011. L’étude porte sur l’influence d’une supplémentation de la mère en multivitamines, fer ou acide folique, notée dès la première visite prénatale.
Une relation inverse entre prise anténatale de vitamines et prévalence des troubles du spectre autistique
La prévalence d’un trouble du spectre autistique avec déficience intellectuelle est de 0,26 % dans le groupe des enfants dont la mère prenait des multivitamines en début de grossesse et 0,48 % dans le groupe des enfants dont la mère n’a pris aucune supplémentation. La prise de multivitamines avec ou sans fer et/ou acide folique est associée à une réduction du risque de trouble de la sphère autistique par rapport à l’absence de supplémentation (Odds ratio 0,69 ; intervalle de confiance à 95 % 0,57 à 0,84). La supplémentation en fer ou en acide folique ne semble pas modifier le risque. Le score de propension par appariement produit un constat sensiblement identique, tandis que le contrôle par étude de la fratrie donne un résultat statistiquement non significatif.
Les auteurs restent prudents. La relation inverse entre la prise de multivitamines et les troubles de la sphère autistique avec déficience intellectuelle pourrait ne pas être spécifique à l’autisme, mais refléter le risque de déficience intellectuelle. Les conclusions de cette étude ne doivent donc pas conduire pour le moment à des modifications des pratiques, tant que d’autres travaux, éventuellement des essais randomisés, n’aient apporté une confirmation du lien de cause à effet.
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