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Faut-il dépister l’intolérance au gluten chez les sujets à risque ? (Pr Jean-Jacques Baudon, Journal International de Médecine)

La maladie cœliaque (MC) a une prévalence de 1 % à 3 % dans beaucoup de pays occidentaux et asiatiques mais demeure souvent méconnue en raison de la variabilité des symptômes intestinaux et extra-intestinaux. Le dépistage par les anticorps est possible mais le problème se pose de son extension à l’ensemble de la population ou seulement aux groupes à risque : familles dont plusieurs membres souffrent de MC, diabète de type I et thyroïdite auto-immune. L’adhésion au régime sans gluten des sujets dépistés peut être imparfaite mais les risques sont bien documentés. Même dans les formes asymptomatiques, des complications peuvent survenir : retard de croissance, baisse de la masse osseuse, altération de l’émail dentaire. L’importance des lésions histologiques chez ces sujets est mal connue.

Afin d’évaluer les bénéfices du dépistage dans les groupes à risque, les chercheurs de l’Université de Tampere (Finlande) ont étudié la cohorte des patients chez lesquels le diagnostic avait été posé à partir de 2000 : 504 enfants avec une MC prouvée par biopsie ont été inclus et les données sur l’adhésion au régime sans gluten et la réponse clinique et sérologique ont été notées. Les résultats ont été comparés selon que la MC avait été détectée sur des indices cliniques (n=359) ou par le dépistage (n=145); dans ce dernier cas, les patients ont été distingués en symptomatiques et asymptomatiques.

Sévérité des lésions histologiques et niveau des marqueurs biologiques comparables, avec ou sans symptômes

L’âge médian au diagnostic était comparable : 7 ans (différence interquartile 4,1-11,7) vs 8 (DIQ 5-11,7). Parmi les patients dépistés, 51,8 % avaient des symptômes au diagnostic bien qu’atténués en comparaison de ceux pour lesquels le diagnostic avait été évoqué sur la clinique (P < 0,001). Chez ces derniers, l’anémie (7,1 % vs 22 ,9 %, P<0,001) et le retard de croissance (15,7 % vs 36,9 %, P < 0,001) étaient plus fréquents et l’hémoglobine (12,6 g% vs 12,4 g%, P = 0,008) et l’albumine (41 g/L vs 38 G/L, P=0,016) plus basses. En revanche, il n’y avait pas de différence entre les deux groupes pour les marqueurs sérologiques de la MC ni pour les lésions histologiques.

En cas de diagnostic par dépistage, les enfants avaient une meilleure adhésion au régime (91,2 % vs 83,2 %, P=0,047). La réponse clinique au régime d’exclusion était cependant équivalente dans les deux groupes étudiés (97,5 % vs 96,2%). L’analyse par sous-groupes des enfants dépistés a montré que les sujets asymptomatiques étaient plus âgés que les symptomatiques (9 vs 5,8 ans, P = 0,007) mais les autres variables étaient comparables.

Cette étude montre que près de la moitié des patients dont la MC a été détectée par le dépistage n’avaient pas de symptômes. Or la sévérité des lésions histologiques, les taux d’anticorps, l’adhésion au régime et la réponse au traitement s’avèrent comparables à ceux des patients symptomatiques. Ces résultats montrent l’intérêt d’un dépistage systématique dans les groupes à risque.

Pr Jean-Jacques Baudon

Référence
Kivelä L et coll. : At-risk screened children with celiac disease are comparable in disease severity and dietary adherence to those found because of clinical suspicion: a large cohort study. J Pediatr., 2017; 183: 115-121

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