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Des capacités motrices altérées chez l’enfant autiste (Anne-Céline Rigaud, Journal International de Médecine)

Diverses et multiples sont les formes d’autisme, néanmoins ce syndrome peut être défini comme un trouble du développement, caractérisé par des anomalies qualitatives de la communication et des interactions sociales, et des comportements restreints et répétitifs. D’après les études, entre 50 et 73 % des enfants autistes présenteraient un profil moteur altéré, sans que cela ne soit pour autant retenu dans l’évaluation diagnostique de l’enfant. Une étude tente d’évaluer les capacités motrices d’enfants autistes à l’aide de la batterie d’évaluation des mouvements chez l’enfant (M-ABC), en les comparant à des enfants témoins, contrairement à la majorité des études antérieures se cantonnant à une comparaison avec des sujets avec troubles de l’apprentissage, de la coordination ou des retards de développement.

Vingt-deux garçons âgés de 9 à 11ans ont participé à l’étude : 11 enfants autistes sans déficience intellectuelle, scolarisés en milieu ordinaire et avec un niveau modéré d’activité physique hebdomadaire,  et 11 enfants témoins. L’évaluation s’est faite par l’intermédiaire des tests moteurs du M-ABC, réalisés dans des conditions similaires. Celui-ci permet d’aborder chacune des 3 dimensions suivantes : maîtrise de balles (réception et lancé), dextérité manuelle (tracé de précision et manipulation d’objets de différentes tailles), équilibre (appui unipodal au sol ou bipodal sur une poutre, marche de précision, saut ou marche en double tâche).

Les activités faisant intervenir vision et coordination sont plus particulièrement touchées

A l’analyse, des différences significatives sont retrouvées entre les enfants autistes et témoins pour les 3 items (p < 0,01), et plus spécifiquement sur les tests où il faut « viser » (p < 0,05) et « marcher/sauter » (p < 0,05). De fait, « viser » nécessite un traitement simultané des informations visuelles et proprioceptives : le contrôle du placement des bras et de l’ensemble du corps doit se faire en intégrant le contrôle visuel de la trajectoire, ce qui crée un conflit entre les entrées sensorielles et une incoordination visuo-manuelle pour l’enfant autiste. Par ailleurs, au niveau de la dimension « équilibre » interviennent deux modes distincts : pour l’équilibre statique – ne requérant aucune coordination spécifique, aucune différence n’émerge. A la différence du test d’équilibre dynamique, à savoir marcher/sauter, où la mauvaise exploitation des feedbacks visuels ainsi que le déficit de coordination générale pénalisent l’enfant autiste.

Ainsi, d’après cette étude, les différences motrices entre enfants autistes et enfants témoins touchent préférentiellement les activités faisant intervenir la vision et la coordination. La motricité globale de l’enfant autiste semble être altérée par un conflit visuo-moteur, sans sous-estimer que d’autres voies de contrôle pourraient également entrer en jeu. L’auteur suggère d’ailleurs de recourir à des tests complémentaires plus spécifiques sur l’évaluation du contrôle visuel (Developmental Test of Visual Motor Integration) et sur la coordination pour bilanter les enfants autistes.

Anne-Céline Rigaud

Références

Pace M et coll. : Évaluation des capacités motrices d’enfants autistes sur le M-ABC. Sc et Sport., 2016 ; 31: 336-341.

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