Des neuroleptiques chez les jeunes avec TSA ou déficience cognitive (Dr Alain Cohen, Journal International de Médecine)
Si l’irritabilité et l’agressivité représentent dans les troubles du spectre autistique (TSA) et dans la déficience intellectuelle (DI) « des cibles de traitement pertinentes » pouvant inciter à l’utilisation de neuroleptiques », les habitudes de prescriptions des médicaments antipsychotiques chez ces jeunes ne sont pas systématiquement évaluées, rappelle une équipe de psychiatres exerçant aux États-Unis.
Pour contribuer à combler cette lacune, les auteurs ont recherché dans les bases de données PubMed, MEDLINE et PsycInfo (jusqu’en Mars 2015) les études informant sur la fréquence des TSA et/ou de la DI chez les jeunes traités par des neuroleptiques et, réciproquement, sur la fréquence du recours aux neuroleptiques chez les enfants et les adolescents avec TSA et/ou DI.
10 % des jeunes traités par neuroleptiques sont « étiquetés » TSA ou déficients intellectuels
Constituant ainsi la base d’une méta-analyse sur la place des médicaments antipsychotiques dans les TSA et la DI chez des jeunes, cette collecte de données porte sur un total de 39 études et concerne une population globale de 365 449 jeunes où les sujets masculins représentant 70 % (± 10 %) des intéressés, âgés en moyenne de 11,4 ans ± 6,2 ans. Si la valeur modeste de cet âge moyen confirme la tendance déjà connue à prescrire des neuroleptiques à des patients de plus en plus jeunes aux États-Unis, on constate toutefois, dans 5 études longitudinales, que la proportion de jeunes avec TSA traités par des antipsychotiques n’a pas changé de manière significative entre 1996 et 2011, passant de 6,7 % à 5,8 % (Odds ratio = 0,9 ; intervalle de confiance à 95 % [IC95 % 0,8-1,0] ; p=0,17). Et dans 13 études (représentant 96 688 jeunes âgés en moyenne de 9,8 ans ± 1,2 an, avec 78,6 % ± 2,0 % de sujets masculins), 17,5 % (IC95 % [13,7 %–22,1 %]) des jeunes avec un TSA reçoivent des neuroleptiques.
Principaux constats de cette méta-analyse : environ 10 % des jeunes traités par des antipsychotiques ont une étiquette diagnostique de TSA ou/et de DI, et près d’un jeune sur six avec TSA reçoit un traitement neuroleptique. Ces deux proportions ont « augmenté au cours des dernières années » confirment les auteurs, mais la compréhension des raisons cliniques et des effets de ce recours accru aux antipsychotiques dans les TSA et dans la DI nécessite des recherches plus approfondies.
Dr Alain Cohen
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