Autisme et pollution atmosphérique: les résultats contradictoires du projet ESCAPE (Journal International de Médecine, Dr Maryvonne Pierre-Nicolas)
À ce jour cependant, l’association éventuelle entre pollution de l’air et présence de caractères autistiques dans la population générale n’a pas été précisément évaluée. Dans cette méta-analyse, les auteurs ont recherché un lien entre l’exposition prénatale à la pollution atmosphérique y compris au dioxyde d’azote (NO2) et aux particules (PM) et l’existence de traits autistiques dans l’enfance en réunissant les données de quatre études de cohortes de naissance européennes (Espagne, Italie, Pays-Bas, Suède) participant au projet ESCAPE (European Study of Cohorts for Air Pollution Effects) et comportant au total plus de 8 000 enfants. Les traits autistiques, mais pas les diagnostics formels de TSA, étaient établis à partir des résultats à des tests de dépistage validés, variables selon les études.
Des modèles de régression ont été utilisés pour estimer l’exposition des mères pendant la grossesse aux oxydes d’azote (NOx) et différentes tailles de particules (PM).
Au total 0,7 à 3,6 % des enfants, majoritairement des garçons, présentaient des traits autistiques avec un tableau clinique bien caractérisé, et 3,2 à 12,3 % des traits plus atypiques. L’analyse finale, ne trouve aucune association entre la présence de traits autistiques et l’exposition prénatale à l’un des polluants atmosphériques.
Pas les mêmes observations qu’aux Etats-Unis
Ces résultats sont en désaccord avec ceux des études antérieures réalisées principalement aux Etats-Unis qui montrent une association entre la pollution de l’air et les TSA. Les TSA ne sont probablement pas différents en Europe et aux États-Unis, mais la meilleure façon de vérifier ce qui se passe en Europe est d’essayer de reproduire les études réalisées aux Etats-Unis en utilisant des protocoles similaires.
Dans trois des études de la méta-analyse, l’évaluation des TSA était faite par les parents, tandis que dans la quatrième il s’agissait de psychologues ce qui pose la question de l’hétérogénéité des diagnostics et constitue une des faiblesses de cette méta-analyse qui combine tous les résultats et incite à une interprétation prudente. Cependant l’absence de lien cohérent dans les différentes cohortes suggère que ces résultats ne sont pas faux. Le point fort de cette étude est qu’elle examine la question de la pollution de l’air et de l’autisme dans une nouvelle approche en analysant les traits autistiques dans des cohortes de naissance prospectives.
Cette étude ne montre donc pas d’association entre l’exposition prénatale à plusieurs polluants atmosphériques, y compris le NO2 et PM, et des traits autistiques chez les enfants de 4 à10 ans issus de quatre cohortes naissance européennes. Des recherches supplémentaires notamment des études européennes sur des enfants avec un diagnostic de TSA, la comparaison des manifestations des TSA et de leur détection entre Europe et Etats-Unis et l’étude des mécanismes sous-jacents possibles de l’association entre polluants atmosphériques et TSA sont nécessaires pour comprendre les résultats contradictoires de cette étude par rapport aux précédentes.
Dr Maryvonne Pierre-Nicolas