A la recherche de facteurs prédictifs d’autisme à 8 mois ( Pr Jean-Jacques Baudon dans Journal International de Médecine)
L’identification de facteurs prédictifs précoces de l’autisme est l’objet de nombreuses recherches, rendues toutefois difficiles du fait de l’existence de signes cliniques communs avec d’autres retards du développement de sorte que le tableau caractéristique n’est souvent pas observé avant 3 ans. De surcroît, les troubles du spectre autistique (TSA) sont variables d’un enfant à l’autre. Les plus évocateurs, altérations des interactions sociales et de la communication, comportements restreints ne deviennent évidents que de façon décalée dans le temps et ne contribuent au diagnostic que par leur groupement.
Un travail réalisé à Melbourne présente l’intérêt d’un suivi prospectif de l’âge de 8 mois à 7 ans. Ces enfants ont été recrutés dans le cadre d’un projet d’étude sur l’évolution de la communication entre ces âges.
Les parents de 1 911 nourrissons ont rempli un questionnaire sur le développement des enfants alors qu’ils avaient 8 à 10 mois, puis à chaque anniversaire. A 4, 5 et 7 ans, les enfants ont eu une évaluation directe de leur langage, leur niveau de lecture et d’écriture. A 8, 12 et 24 mois, les questionnaires pour les parents comportaient 2 échelles : le CSBS (Communication and Symbolic Behavior Scales Developmental profile infant-toddler checklist) de 24 items permettant d’évaluer la communication précoce et le comportement et d’autre part l’inventaire MacArthur-Bates (CDI) sur le développement précoce de la gestuelle et des jeux. A 7 ans, les tests de langage et de performance des 1 911 enfants ont permis d’individualiser plusieurs groupes pathologiques : autisme (TSA, n = 41), retard du développement (RD, 28), retard du langage (RL, 47), en comparaison d’un groupe constitué par tirage au sort sans troubles (ST, 41).
Dés 8 mois, les scores des enfants devenus TSA à 7 ans montraient, en comparaison des autres, des troubles significatifs prédominant sur l’utilisation des fonctions gestuelles et les comportements de communication comme réclamer et joindre. Ces différences étaient notables en comparaison des enfants contrôles et des RL mais non pas avec ceux du groupe RD jusqu’à 24 mois. A 2 ans, les enfants autistes avaient par rapport à ceux des 3 autres groupes des scores CSBS et CDI de communication et de comportement symbolique inférieurs aux enfants RD, RL et ST.
En conclusion, l’utilisation d’échelles de comportement devrait permettre de porter attention précocement au risque d’autisme en comparaison des autres troubles du développement.
Pr Jean-Jacques Baudon