Autisme : l’ocytocine intranasale décevante chez les enfants (Dr Irène Drogou, Le Quotidien du Médecin)
Après le diurétique bumétanide, c’est une deuxième déception dans la recherche thérapeutique dans l’autisme. La plus large étude menée sur le sujet sape les espoirs placés dans cette hormone dite de l’attachement, après des résultats préliminaires contradictoires dans des travaux plus petits.
Publié dans « The New England Journal of Medicine », cet essai américain randomisé a été mené par l’équipe de Linmarie Sikich de l’université de Duke avec le soutien des Instituts de la santé américains (National Institutes of Health). Au terme de 24 semaines de traitement, les chercheurs n’ont pas montré d’amélioration des interactions sociales chez 290 enfants âgés de 3 à 17 ans ayant un trouble du spectre autistique (TSA).
Dans cet essai de phase 2, l’ocytocine était administrée par un spray nasal quotidiennement. Au total, parmi les enfants ayant terminé l’étude, 139 ont reçu de l’ocytocine et 138 un placebo. Le critère principal de jugement était basé sur l’amélioration du score ABC-mSW (pour Aberrant Behavior Checklist modified Social Withdrawal). Cette échelle comprend 13 items (irritabilité, retrait social, etc.) avec des scores allant de 0 à 39, un score élevé indiquant de moins bonnes interactions sociales.
Aucune différence significative entre le score initial et celui final n’a été observée entre les deux groupes à la fin de l’essai. De même, aucune amélioration n’a été constatée non plus sur les critères secondaires (fonction sociale, QI).
Une dose flexible d’ocytocine
La dose d’ocytocine (Tergus Pharma) était flexible et n’était pas dépendante de l’âge ni du poids des participants. Le protocole prévoyait de commencer à 8 UI une fois par jour le matin, avec une dose totale quotidienne de 48 UI à la semaine 8 (administrée en deux prises de 24 UI). Une fois la dose cible obtenue, elle était maintenue 7 semaines avant de pouvoir être augmentée de 16 UI supplémentaires toutes les 4 semaines (dose maximale de 80 UI par jour). Le large éventail des doses possibles (de 8 à 80 UI) a permis d’explorer la tolérance, le dosage étant dépendant des effets secondaires et non de l’âge ou du poids.
Trois événements indésirables graves ont été observés, dont un rapporté à la sédation induite par l’ocytocine : un adolescent traité par 48 UI a eu un accident de la route alors qu’il conduisait un véhicule motorisé. La plupart des arrêts de traitement dans le groupe ocytocine ont été motivés par de l’irritabilité ou une agression, quand un seul retrait de l’essai dans le groupe placebo était dû à un trouble du comportement (libido augmentée avec impulsivité). Au total, des événements indésirables ont été enregistrés chez 82 % des participants du groupe ocytocine et 83 % de ceux du groupe placebo.
Début septembre, les laboratoires Servier et Neurochlore ont annoncé l’arrêt anticipé de leurs deux essais cliniques de phase 3 lancés en 2018 pour évaluer le diurétique bumétanide (Burinex). « Aucun signe d’efficacité n’a été observé (…). Les résultats de ces études n’ont pas démontré la supériorité de la bumétanide par rapport au placebo », avaient-ils expliqué dans un communiqué commun.
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