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Les recherches frauduleuses de Wakefield sur les dangers de la vaccination très citées… et pas toujours correctement (Damien Coulomb, Le Quotidien du Médecin)

Les recherches frauduleuses d’Andrew Wakefield (publiées puis retirées par « Le Lancet »), liant la vaccination à diverses pathologies dont l’autisme, sont encore très largement citées dans la littérature scientifique. Toutefois, la falsification dont elles ont fait l’objet n’est pas toujours expressément précisée.

Les chercheurs de l’université du Wisconsin ont dénombré, dans un article publié dans le « JAMA Network Open », 1 211 articles qui citent ces travaux. Ces citations ont une connotation négative dans 72,7 % des cas et positive dans 8,2 % des cas.

L’article d’Andrew Wakefield a été partiellement retiré par le Lancet en 2004, puis totalement en 2010. Un point important est que près de la moitié des citations proviennent d’articles publiés après 2004, et qu’un peu plus de la moitié d’entre eux (56 %) seulement évoquait le fait que l’article ait été retiré ou sur le point de l’être. Un peu plus d’un tiers seulement des travaux publiés entre 2005 et 2010 évoquent le retrait partiel. Et depuis 2010, 71,7 % seulement des travaux évoquent le retrait total de l’article.

Pour Elizabeth Suelzer et ses collègues de l’université médicale du Wisconsin, il est intéressant de constater que « la communauté médicale n’a pas attendu que les fraudes de Wakefield soient avérées pour citer négativement ses travaux. » Dans son étude, Andrew Wakefield constatait l’apparition d’hyperplasies nodulaires lymphoïdes iléales, de colites non spécifiques et troubles du développement chez 12 enfants et estimait que la fenêtre d’apparition de ces symptômes correspondait avec l’exposition aux vaccins.

Des chercheurs très critiques, mais peu rigoureux

« À l’époque de nombreux chercheurs pointaient du doigt le manque d’évidences épidémiologiques et le fait que ces travaux n’étaient pas reproductibles », constate, rassurés, les auteurs du « JAMA Network Open ».

Néanmoins, l’important pourcentage de chercheurs ne précisant pas qu’Andrew Wakefield a été convaincu de fraude est plus inquiétant. Les auteurs estiment qu’il s’agit de failles dans les processus de relecture et de validation des études scientifiques, surtout compte tenu de l’extrême médiatisation qui a entouré cet événement. « Nous pensons qu’il faut que nous prenions un soin tout particulier à citer ce genre de travail de façon appropriée », insistent les auteurs, qui estiment qu’il en va de « l’intégrité des articles scientifiques et de la recherche ».

Ils proposent la mise en place de meilleures recommandations de la part du comité international des éditeurs de journaux scientifiques (ICMJE) et du comité pour l’éthique des publications (COPE).

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