« La France se dote enfin d’un outil pour repérer au plus tôt les enfants autistes » (Mediscoop)
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Delphine Chayet rappelle dans Le Figaro que« les premières manifestations de l’autisme infantile et de nombreux troubles du neuro-développement surviennent le plus souvent avant l’âge de 2 ans, mais leur diagnostic n’est posé en France que bien plus tard. Bien trop tard, selon les spécialistes ».
La journaliste indique que livret de repérage des troubles du neuro-développement conçu à l’intention des généralistes« pour réduire ce laps de temps qui entraîne une perte de chance, la stratégie nationale pour l’autisme refonde le dispositif de dépistage. Celui-ci s’appuiera désormais sur un, pédiatres, médecins scolaires et de protection maternelle et infantile ».Delphine Chayet note ainsi que « sa distribution vient de débuter dans 14 départements. Objectif : systématiser l’orientation des enfants de moins de 7 ans présentant des signes d’alerte vers une plateforme spécialisée capable de les prendre en charge au plus vite, avant même qu’un diagnostic ne soit posé ou écarté ».
« L’enjeu est crucial. La plasticité cérébrale est maximale avant 3 ans, et la prise en charge est alors optimale », souligne-t-elle.
Claire Compagnon, déléguée interministérielle chargée de mettre en œuvre ce dispositif, déclare en effet que « les médecins de première ligne manquaient d’un outil simple d’usage permettant de déclencher une alarme en cas d’écart inhabituel de développement chez un enfant ».
Delphine Chayet explique que « le livret présente de façon très claire une dizaine de signes d’alerte à chaque étape clé du développement. À 6 mois, le bébé tient-il sa tête sans osciller ? Attrape-t-il un objet tenu à distance ? À 12 mois, prononce-t-il les syllabes redoublées baba, tata ou papa ? À 18 mois, marche-t-il sans aide (plus de cinq pas) ? Montre-t-il avec le doigt ce qui peut l’intéresser ? […] ».La journaliste poursuit : « Avant même d’en arriver à ces «compétences» par âge, le livret invite le médecin à identifier une éventuelle vulnérabilité de son jeune patient. Une page dresse la liste des facteurs de risque de trouble du neuro-développement (dont la grande prématurité, l’exposition prénatale à l’alcool ou des antécédents dans la fratrie) ; une autre énumère certains comportements instinctuels, sensoriels ou émotionnels qui peuvent en constituer des marqueurs ».« Parmi eux, des troubles durables et quotidiens du sommeil, un rejet de certains aliments, une réaction exagérée à certains bruits, une utilisation étrange des objets ou des colères violentes et répétées, inconsolables… », précise Delphine Chayet.Elle indique que « si aucun de ces éléments pris de façon isolée n’a de valeur prédictive, ils doivent attirer l’attention du médecin. Un de ces marqueurs combiné à un signe d’alerte, ou deux signes d’alerte dans deux domaines du développement, doivent le décider à orienter l’enfant vers la plateforme de coordination ».
Le Pr Vincent des Portes, neuropédiatre, explique que « l’objectif premier de cet algorithme de décision, rempli en moins de 5 minutes, est d’éviter que le praticien ne rassure à tort des parents qui s’inquiètent ».
Delphine Chayet note qu’« il arrive en effet souvent qu’un médecin banalise un retard ou un comportement inhabituel par crainte de se tromper et d’affoler la famille inutilement. De fait, le repérage des troubles du neuro-développement reste «une des questions les plus difficiles de la pédiatrie», selon ce chef de service du CHU de Lyon ».Le Dr Julie Chastang, médecin généraliste à Arcueil, remarque pour sa part : « L’enfant, malade ou venu pour un vaccin, est souvent en pleurs et il n’est pas évident de le faire parler. Par ailleurs, le livret ne sera efficient que si le système des soins est en mesure de prendre ces enfants en charge rapidement. À vrai dire aujourd’hui, on ne sait pas à qui adresser un enfant en cas de doute sur son développement, car les spécialistes sont complètement saturés ».
Le Pr des Portes souligne enfin que le livret « pas encore été évalué scientifiquement et sa valeur prédictive est à ce stade incertaine. Ainsi, il n’est pas impossible qu’il entraîne un repérage insuffisant ou, au contraire, un recours exagéré aux plateformes. Son déploiement doit donc être accompagné d’une évaluation de sa pertinence ».