L’île de Wight n’a pas pour seule particularité d’avoir un festival de musique qui attirait les foules dans les années hippies. Elle possède aussi une cohorte assez unique de 1 536 enfants présentant une allergie alimentaire, recrutés dès leur plus jeune âge, entre janvier 1989 et février 1990, et suivis jusqu’à leurs 18 ans. Les données recueillies pendant cette période permettent maintenant de déterminer l’évolution de l’allergie alimentaire pendant l’enfance, en termes de prévalence et d’allergènes. Les informations ont été colligées à 1, 2, 4, 10 et 18 ans. Des tests cutanés ont été réalisés à 1 et 2 ans chez les enfants symptomatiques. A 4, 10 et 18 ans, les enfants ont été testés pour un panel d’aliments et d’aéroallergènes. L’allergie était définie par la présence de symptômes typiques de réaction IgE-médiée, apparaissant dans les 4 heures suivant l’ingestion de l’aliment suspecté.
Ce suivi au long cours montre que la prévalence de l’allergie reste relativement constante dans la petite enfance, de 5,3 % à 1 an, 4,4 % à 2 ans et 5 % à 4 ans. Un déclin survient ensuite, avec une prévalence de 2,3 % à l’âge de 10 ans, en lien avec la disparition d’un certain nombre d’allergies préexistantes. Puis l’on observe à nouveau une augmentation, jusqu’à 4,1 % à 18 ans, liée à une hausse de la prévalence de nouvelles allergies alimentaires, apparaissant entre 10 et 18 ans.
Enquête dans l’île de Wight
Les allergies aux protéines du lait de vache et les allergies à l’œuf sont les plus fréquentes jusqu’à 10 ans, mais à 18 ans, elles ne concernent plus que 0,3 % des enfants. Les allergies aux arachides, aux fruits, aux noisettes et au blé sont les plus fréquentes à 18 ans, alors que les légumes, kiwi, fruits de mer, champignons et moutarde sont des allergènes émergents entre 10 et 18 ans. Les allergies multiples sont rares avant 18 ans (0,7 % à 1,3 %) et il s’agit le plus souvent de l’association de deux groupes d’aliments, rarement plus : lait de vache et œuf jusqu’à 4 ans, arachide et œuf à 10 ans, plusieurs fruits à coque à 18 ans.
Quant à la sensibilisation aux aliments et aux aéroallergènes, elle augmente régulièrement avec l’âge, passant de 17,3 % à 4 ans à 26,7 % à 10 ans et 40,3 % à 18 ans pour les aéroallergènes et de 3,4 %, 4,4 % et 21,4 % respectivement, pour les allergies alimentaires.
Venkataraman D et coll. : Prevalence and longitudinal trends of food allergy during childhood and adolescence: results of the Isle of Wight Birth Cohort study. Clin Exp Allergy, 2018 ; 48 : 394-402. doi: 10.1111/cea.13088. doi: 10.1111/cea.13088.