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Lutte contre les pseudosciences en Europe : l’Espagne en tête ? (Benoît Thelliez, Journal International de Médecine)

Madrid, le jeudi 4 octobre 2018 – Le Consejo estatal de estudiantes de medicina (CEEM), l’organisme représentatif des étudiants en médecine espagnols s’est lancé depuis le début de l’été dernier dans une campagne appuyée contre les « thérapies alternatives sans fondement scientifique », qu’il accuse « d’attenter gravement à la santé des personnes en interférant dans la pratique clinique ». Largement diffusés sur les réseaux sociaux et accompagnés du hashtag #stopseudociencias, les messages ciblaient entre autres l’homéopathie, ironiquement suivie de la phrase « plus connue sous le nom d’eau ».

Cette opération fait bouger les lignes dans les universités. Ainsi, le CEEM s’est récemment félicité de la décision prise par la commission des études de l’Université de Valence qui a approuvé à l’unanimité le retrait de sept cursus et diplômes associés de son offre pédagogique. Parmi eux figurent le master en médecine régénérative et en acupuncture, ainsi que le diplôme de spécialisation en hypnose ericksonienne. En réaction à cette nouvelle, l’organisation étudiante a renouvelé son opposition « à toute pratique pseudoscientifique » et exige désormais « une régulation plus stricte pour empêcher l’implantation de ces filières, surtout au sein des universités publiques ». Le CEEM a d’ailleurs annoncé qu’il travaillait à l’élaboration d’un document dans lequel seront formalisées toutes ses positions et requêtes en la matière.

Pétitions en cascade

Ces décisions et déclarations interviennent dans un contexte espagnol plutôt bouillant. Le retrait de ces enseignements par les autorités pédagogiques de l’Université de Valence a en effet été opéré suite à la saisine de l’Association pour la protection du patient contre les pseudosciences (APETP) qui multiplie les actions de ce genre. Elle ainsi lancé deux pétitions à l’encontre de l’Université d’Alcalà de Henares et du Centre universitaire Escorial María Cristina de Madrid qui proposent, entre autres, des enseignements de biomagnétisme. L’APETP a par ailleurs déposé une plainte pour manquement à la déontologie contre soixante-deux médecins de Madrid et de Valence et fait parvenir une pétition, signée par plus de 1 000 professionnels de santé au ministère de la Santé, pour « en finir avec l’offre généralisée de pseudosciences ».
Plus globalement, le débat autour des médecines alternatives et de leur potentielle dangerosité pour la santé a été ravivé dernièrement par la médiatisation du décès d’une jeune femme atteinte d’un cancer du sein et qui avait rapidement abandonné son traitement initial pour ne suivre que des méthodes alternatives. L’Espagne s’est par ailleurs positionnée au niveau européen pour que l’homéopathie n’ait plus le statut de médicament. Ricardo Campos, alors secrétaire général à la Santé, a en effet fustigé l’ambiguïté de la législation de l’Union à l’égard de l’homéopathie lors d’une réunion informelle des ministres de la Santé qui s’est tenue à Vienne les 10 et 11 septembre derniers. Selon lui, le fait de considérer l’homéopathie comme un médicament contreviendrait à la directive 2011/83 qui considère que ne peuvent être considérés comme tels que des molécules ayant des propriétés curatives ou préventives prouvées.

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