« Autisme : vers un premier traitement ? » (synthèse d’un article du Journal lLes Echos parue sur site Mediscoop)
Yann Verdo s’interroge dans Les Echos : « Un premier traitement contre l’autisme va-t-il bientôt voir le jour ? Yehezkel Ben-Ari y croit, et se démène pour y parvenir ».
Le journaliste explique qu’« à 74 ans, ce neurobiologiste spécialiste des courants électriques circulant dans le cerveau, à l’état normal ou pathologique, a gardé l’ardeur de ses jeunes années dans son combat contre ce trouble du développement affectant, sous une forme ou sous une autre, un enfant sur 100 ».
Yann Verdo indique que « son arme s’appelle la bumétanide, un simple diurétique développé au début des années 1970 par les laboratoires Roche. Couramment utilisé pour réduire les œdèmes ou lutter contre l’hypertension, ce médicament semble avoir un impact positif sur les troubles du spectre autistique ».
« C’est du moins ce qu’il apparaît à la lecture d’une étude publiée le 26 février dans Nature Scientific Reports et réalisée en collaboration avec l’experte en imagerie cérébrale Nouchine Hadjikhani (Harvard Medical School) et le pédopsychiatre et neuroscientifique Eric Lemonnier (CHU de Limoges) », précise le journaliste.
Il explique que « dans cette expérience, il a été demandé à 8 autistes Asperger (capables de s’exprimer normalement) de fixer la région des yeux de visages humains (une croix centrée sur la pupille était censée les aider à focaliser leur regard sur ce point précis). Pendant qu’ils se livraient à cet exercice, Nouchine Hadjikhani les soumettait à un examen d’imagerie cérébrale. Dans le viseur de la radiologue, l’activité de l’amygdale, cette structure du système limbique jouant un rôle central dans les émotions, et notamment la peur ».
Yann Verdo relève que « les résultats ont été nets et conformes aux attentes des trois chercheurs : alors que chez les sujets du groupe contrôle ce « contact visuel forcé » entraînait une hyperactivation de l’amygdale, témoin de la peur qu’éprouvent les autistes à regarder quelqu’un dans les yeux, chez ceux qui avaient préalablement été traités pendant 10 mois à la bumétanide cette hyperactivation était nettement réduite. Le protocole a pu également mettre en évidence que ceux-ci, même lorsqu’ils n’étaient soumis à aucune contrainte, regardaient plus spontanément les autres dans les yeux ».
« Un progrès essentiel quand on sait que l’une des principales difficultés auxquelles se confrontent les autistes réside précisément dans cette peur du contact visuel », note le journaliste.
Il souligne que « cela fait bien longtemps que Yehezkel Ben-Ari et Eric Lemonnier explorent cette piste de la bumétanide, d’abord sur les animaux, puis sur les humains. Les deux hommes se sont d’ailleurs associés pour créer la société Neurochlore, une biotech dans laquelle les laboratoires Servier ont récemment décidé d’investir une vingtaine de millions d’euros ».
Yann Verdo relève que la biotech « va pouvoir lancer, en septembre prochain, un essai clinique de phase III – dernière étape avant la commercialisation – qui portera sur environ 400 enfants autistes recrutés dans 6 ou 7 pays européens et suivis dans une quarantaine de centres. Il devrait prendre «au moins 3 ans» avant de livrer ses résultats définitifs ».