Une étude franco-britannique révèle que l’empathie serait en partie génétique, une part impliquée dans l’autisme (Dr Lydia Archimède, Le Quotidien du Médecin)
Selon les chercheurs qui publient leurs résultats dans « Translational Psychiatry », l’empathie est à la fois la faculté de reconnaître les pensées et les sentiments d’autrui et la capacité à y apporter une réponse émotionnelle adaptée. Dans le premier cas, on parle d’« empathie cognitive », et dans le second, d’« empathie affective ». « Les autistes, quant à eux, rencontrent en moyenne des difficultés avec l’empathie cognitive, même lorsque leur empathie affective reste intacte », expliquent-ils.
Plus de 46 000 participants
L’équipe britannique de Cambridge l’avait montré il y a 15 ans grâce au Quotient d’empathie, test qu’elle avait elle-même mis au point et qui permettait d’évaluer les 2 types d’empathie à partir d’une mesure d’auto-évaluation. Ils avaient aussi montré que certains sont plus empathiques que d’autres, et que les femmes, en moyenne, sont légèrement plus empathiques que les hommes.
Le travail qu’ils ont mené avec les chercheurs français est, affirment-ils, la plus grande étude génétique – et la première – menée sur l’empathie, utilisant les données de plus de 46 861 participants la société 23andMe (24 543 femmes et 22 318 hommes). Les personnes incluses ont complété en ligne un auto-questionnaire EQ puis adressé un échantillon de salive qui a permis une analyse génétique.
L’analyse révèle que l’empathie n’est pas seulement le résultat de l’éducation et de l’expérience mais qu’« au moins un dixième de cette variation est associé à des facteurs génétiques ».
Si les différences observées entre les hommes et les femmes sont bien mises en évidence, celles-ci ne sont pas de nature génétique mais probablement liées à la socialisation ou à d’autres facteurs biologiques non génétiques tels que les influences hormonales prénatales.
Impliquée dans 4 maladies ou traits psychologiques
Les chercheurs ont identifié une association significative entre les résultats au test QE et 4 maladies ou traits psychologiques : l’autisme, l’anorexie, la schizophrénie et l’extraversion. En effet, les variants génétiques associés à une plus faible empathie sont également associés à un risque plus élevé d’autisme. L’association entre empathie et schizophrénie, anorexie ou extraversion est, elle, positive.
Varun Warrier, doctorant à l’Université de Cambridge est enthousiaste : « Nous franchissons une étape majeure dans la compréhension du rôle joué par la génétique dans l’empathie. Si les gènes n’expliquent qu’un dixième de la variation du degré d’empathie entre les individus, les facteurs non génétiques sont aussi essentiels. »
Le Pr Simon Baron-Cohen Université de Cambridge souligne : « Découvrir que ne serait-ce qu’une fraction de nos différences en termes d’empathie relève de facteurs génétiques, nous aide à comprendre les individus comme les autistes, qui ont du mal à imaginer les sentiments et les émotions des autres. Cette difficulté à lire les émotions peut devenir aussi invalidante que n’importe quel autre handicap. La société que nous formons doit soutenir les personnes concernées grâce à des méthodes pédagogiques inédites, des alternatives ou des accommodements raisonnables favorisant leur intégration. »
Pour le Français, Pr Thomas Bourgeron qui dirige l’unité Génétique humaine et fonctions cognitives (Université Paris-Diderot, Institut Pasteur, CNRS), la prochaine étape sera de confirmer ces résultats sur un échantillon plus important : « Individuellement chaque gène joue un petit rôle et qu’il est donc difficile de les identifier. La prochaine étape consistera donc à étudier un nombre encore plus grand de personnes afin de répliquer ces découvertes et d’identifier les voies biologiques associées aux différences individuelles en matière d’empathie
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