Prise en charge de l’autisme : doit encore mieux faire (Aurélie Haroche, Journal International de Médecine)
Paris, le jeudi 25 janvier 2018 – L’Élysée a lancé en juin dernier une large concertation dédiée à la prise en charge de l’autisme, dont les conclusions devront servir de base à l’établissement d’un très attendu quatrième plan autisme. De nombreux acteurs contribuent actuellement au travail de réflexion, dont la Cour des Comptes qui vient de publier un bilan de la prise en charge de l’autisme dans notre pays.
Un réveil généreusement financé
Si l’on se concentre sur les moyens budgétaires, première préoccupation des magistrats de la rue Cambon, il apparaît que d’importantes sommes sont consacrées à l’accueil des personnes autistes : 6,7 milliards d’euros par an au total. De la même manière, après de longues décennies de passivité, qui lui ont valu d’être sévèrement épinglée à plusieurs reprises par des organismes internationaux, la France a témoigné d’une véritable volonté politique de faire évoluer la situation, à travers l’élaboration de trois plans spécifiques successifs. Ces programmes ont notamment contribué à une meilleure connaissance de l’autisme, à la création de nombreuses places d’accueil à un rythme de 937 nouvelles places annuelles et à l’introduction de méthodes éducatives jusqu’alors totalement inexistantes en France.
Des efforts insuffisants
Cependant, des efforts très importants restent encore à faire. D’abord, en ce qui concerne le repérage. Seuls 15 % des enfants concernés bénéficieraient aujourd’hui d’un diagnostic et d’une intervention précoces, déplore la Cour des Comptes. Concernant les adultes, la situation est plus préoccupante encore. « Les composantes de l’offre de soins et d’accompagnement sont très mal connues » relève la Cour des comptes. En matière de nombre de places également, les objectifs sont loin d’être remplis puisque la progression ne correspond qu’à « un peu moins de la moitié de l’effort attendu » déplorent les magistrats. A l’école, également, l’inclusion relève encore trop souvent de l’utopie ; une « perspective éloignée pour un tiers des enfants avec un trouble du spectre autistique, qui ne bénéficient que de durées de scolarisation restreintes » indique la Cour des Comptes. Par ailleurs, le cloisonnement entre les différents acteurs concernés contribue toujours à complexifier les parcours.
Inquiétudes des psychiatres
Enfin, les approches thérapeutiques utilisées continuent à faire débat. Si la virulence des polémiques opposant défenseurs des prises en charge psychiatriques et psychanalytiques et ceux prônant les méthodes éducatives et comportementales s’est affaiblie, des résistances demeurent de toutes parts. Sans pouvoir établir de diagnostic parfaitement précis, la Cour des Comptes signale qu’une partie de l’offre de prise en charge « continue de s’écarter des bonnes pratiques recommandées ».
Le quatrième plan autisme permettra-t-il de répondre à ces différents manquements et écueils ? Il s’agit en tout état de cause d’un exercice très délicat et qui soulève les passions. Déjà, un très grand nombre d’associations de défense des psychiatres appellent à éviter toute orientation qui conduirait à raviver les conflits ; alors que les premières pistes de la concertation sont peu rassurantes en la matière. Ces représentants de la psychiatrie françaises invitent dans un communiqué commun à se souvenir que « les acteurs de terrain sont aujourd’hui engagés dans une démarche d’amélioration des pratiques que ce soit sur le plan du diagnostic, des évaluations fonctionnelles ou des interventions spécifiques. Le métier de soignant n’a pas d’autre vocation que le mieux-être de nos concitoyens » insistent-ils.
Aurélie Haroche