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Une surmortalité accidentelle chez les personnes autistes (Dr Jean-Marc Retbi, Journal International de Médecine)

Les personnes autistes ont une espérance de vie réduite, mais l’autisme est rarement la cause unique de leur surmortalité. Il existe habituellement des facteurs favorisants, tels que des comorbidités (trouble déficit de l’attention/ hyperactivité, épilepsie, dépression, schizophrénie), et/ou des causes directes, telles que des accidents volontaires ou involontaires. Une étude épidémiologique estime la part des accidents involontaires dans la mortalité des autistes.

Cette étude a comme source de données les 39,5 millions certificats de décès que le National Vital Statistics System a recensé et traité aux USA au cours de la période 1999-2014.

Le nombre annuel de certificats de décès mentionnant un trouble du spectre autistique (code 84.0 de la CIM-10) a été multiplié par sept de l’année 1999 à l’année 2014, suivant en cela l’augmentation du diagnostic d’autisme. En tout, il y a eu 1 367 décès avec un diagnostic d’autisme (1 043 hommes, 324 femmes). Environ 28 % des décès avaient pour cause directe un accident involontaire.

L’âge moyen du décès des autistes était de 36 ans, la moitié de celui de la population générale. En cas d’accident létal, il descendait à 29 ans chez les autistes contre 55 ans dans la population générale.

Chez les autistes, la part de la mortalité due à un accident involontaire valait presque le triple de ce qu’elle valait dans la population générale (Rapport des Mortalités Proportionnelles [RMP], ajusté sur l’âge, le sexe et l’année de naissance : 2,93 ; Intervalle de Confiance à 95 % [IC95] de 2,64 à 3,24). Chez les enfants de moins de 15 ans, le RMP atteignait 42 (IC95 de 34 à 50) !

Les trois principales causes de décès par accident involontaire des autistes étaient « la suffocation » (ou étouffement), « l’asphyxie » (terme qui recoupe la suffocation) et « la noyade ».

L’étude ne permet pas de connaître la prévalence des décès par accident involontaire chez les autistes, mais elle indique que la part des décès dus à un accident involontaire est relativement importante chez ces personnes, en particulier pendant l’enfance. Les auteurs pensent que la mortalité accidentelle est sous-estimée chez les autistes parce que les certificats de décès ne sont pas toujours correctement remplis, et qu’elle serait encore plus élevée si on tenait compte des homicides, des suicides et des agressions.

Beaucoup de personnes autistes se mettent en danger dans leur vie quotidienne et, de plus, elles sont souvent attirées par l’eau. La prévention doit cibler dès l’enfance les trois grandes causes d’accidents involontaires létaux. Il serait sage que les enfants autistes apprennent à nager le plus tôt possible.

Dr Jean-Marc Retbi

Référence
Guan J et Li G: Injury mortality in individuals with autism. Am J Public Health. Publié en ligne le 21 mars 2017. Doi :10.2105/AJPH.2017.303696

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