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Risque de surdiagnostic TDA/H chez les enfants atteints d’autisme (Dr Jean-Claude Lemaire, Journal International de Médecine)

Une équipe d’experts de l’autisme et du TDA/H pointe du doigt le caractère inadapté d’un des tests les plus couramment utilisés pour le diagnostic de TDA/H chez les enfants présentant un trouble du spectre de l’autisme (TSA).

La quatrième édition de l’échelle de notation du TDA/H (ADHD-RS-IV) est un outil de dépistage qui repose sur le degré d’importance perçu par les parents et les enseignants à propos de 18 items en rapport avec le comportement de l’enfant, 9 qui portent sur l’inattention et 9 qui portent sur l’hyperactivité/impulsivité.

Alors que cet outil est parfaitement validé pour une évaluation dans la population générale infantile, il semble en revanche susceptible de faire poser ce diagnostic alors que la pathologie n’existe pas chez les enfants ayant un TSA (ex troubles envahissants du développement), une pathologie qui se caractérise par des altérations significatives dans deux domaines:

• déficits persistants au niveau de la communication et de l’interaction sociale
• comportements, activités et intérêts restreints ou répétitifs

Cette anomalie a été découverte grâce à l’analyse des notes répertoriées chez 386 enfants âgés de 7 à 17 ans ayant un TSA sans altération intellectuelle. Les investigateurs ont remarqué que certaines questions sur l’échelle de notation TDA/H obtenaient des notes élevées chez les enfants atteints de TSA alors qu’elles n’auraient du être élevées que chez les enfants ayant des manifestations significatives de TDA/H.

Ce surdiagnostic serait en rapport avec l’existence de problèmes sociaux liés à l’autisme plutôt qu’à un manque d’attention.

Ainsi, une des questions de l’échelle de notation du TDA/H posées aux parents et enseignants est « L’enfant répond-il lorsqu’on lui parle directement ». Il est clair qu’une réponse non ne permet pas de faire la distinction entre une non-réponse liée à une réelle inattention (un symptôme du TDA/H) ou liée au fait que l’enfant ne sait pas comment se comporter face à quelqu’un qui l’interroge (une déficience sociale qui est fréquemment retrouvée dans le TSA). Même chose pour l’aptitude de l’enfant à se tenir à une activité ludique partagée avec d’autres, en cas de TDA/H l’arrêt de l’activité s’explique par la perte d’attention, mais en cas de TSA l’abandon est lié aux difficultés des relations sociales. La distinction est d’autant plus délicate que l’on estime qu’au moins 30 % des enfants atteints de TSA ont également un TDA/H.

La parade est évidente, il faut modifier l’échelle de notation du TDA/H de façon à minimiser l’influence du TSA sur les notes des comportements cibles du TDA/H.

Et en attendant que cela se fasse, les investigateurs recommandent que les notes obtenues soient confrontées aux données d’entretiens cliniques au cours desquels les parents peuvent librement s’exprimer ce qui devrait permettre d’éliminer les difficultés mentionnées et de savoir si les comportements de l’enfant trouvent leur origine dans un TDA/H ou dans les déficits sociaux d’un TSA.

Et de rappeler que la distinction est importante si l’on veut orienter l’enfant vers la prise en charge réellement appropriée à son état.

Dr Jean-Claude Lemaire

Références

Yerys BE et coll. : Evaluation of the ADHD Rating Scale in Youth with Autism. J Autism Dev Disord.,2017; 47: 90–100. DOI: 10.1007/s10803-016-2933-z.

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