Et si l’on parlait de la mitochondrie en psychiatrie ? (Dr Alain Cohen, Journal de Médecine)
Du fait de ses besoins en énergie élevés et de sa sensibilité marquée aux stress oxydatifs, le cerveau est très affecté par un dysfonctionnement des mitochondries. En particulier, la libération des neurotransmetteurs et la survie des neurones dépendent de la production d’ATP et de l’homéostasie des ions Ca++. Les dysfonctions mitochondriales peuvent donc perturber les métabolismes oxydatifs neuronaux, « altérer la neurotransmission et la croissance neuronale (deux processus liés étroitement à la production d’énergie) », et modifier la connectivité synaptique, prélude éventuel à une symptomatologie psychiatrique (notamment de type bipolaire ou schizophrénique).
Une piste pour des traitements ?
Les auteurs estiment qu’une meilleure connaissance des fonctions mitochondriales serait « cruciale pour comprendre la progression des maladies mentales » (dont les caractères « complexes et hétérogènes » reflèteraient « la complexité des mécanismes régulant les fonctions mitochondriales ») et pour « développer des thérapies rationnelles en psychiatrie. » Ils insistent sur l’importance de trois « composantes en amont contrôlant la fonction mitochondriale » : les mutations de l’ADN nucléaire et mitochondrial, la dynamique mitochondriale et l’homéostasie intracellulaire des ions Ca++.
La précision des facteurs de régulation des fonctions mitochondriales apparaît donc désormais comme une piste prometteuse pour « comprendre la progression des maladies mentales », dans l’espoir de découvrir de nouveaux « biomarqueurs et traitements. »
Dr Alain Cohen