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Un risque d’infarctus accru avec les neuroleptiques (Dr Natacha Marpillat, Journal International de Médecine)

Les neuroleptiques, encore appelés antipsychotiques, peuvent entraîner des effets indésirables cardiovasculaires bien connus (troubles du rythme cardiaque, hypotension). Il se pourrait que cette classe thérapeutique augmente aussi le risque d’infarctus du myocarde mais les résultats contradictoires des études publiées jusqu’à présent ne permettent pas de conclure.

Une méta-analyse a ainsi été réalisée pour tenter de répondre à cette question. Elle a réuni les données de 9 études épidémiologiques qui comparaient l’incidence d’infarctus du myocarde entre des adultes traités par neuroleptiques et d’autres sans traitement, soit plus de 360 000 sujets au total. Les études portaient aussi bien sur des neuroleptiques de 1ère comme de 2nde génération (atypiques).

Un risque près de 2 fois plus élevé

Cette analyse révèle un risque d’infarctus du myocarde quasiment multiplié par 2 chez les utilisateurs de neuroleptiques (Odds Ratio [OR] : 1,88 ; intervalle de confiance à 95 % [IC à 95 %] 1,39 –2,54, P < 0,001) et en particulier ceux de 1ère génération, dits typiques (OR : 2,19 ; IC à 95 % 1,46–3,28).

Le risque était plus élevé chez les patients traités pour une schizophrénie (OR 2,48, IC à 95 % 1,66, 3,69) ou une démence  (OR 1,82, IC à 95 % 1,16, 2,84).

De manière plus inattendue, cette étude a monté que le risque était supérieur au cours du premier mois de traitement (OR : 2,64 (IC à 95 % 2,48, 2,81), et s’atténuait avec l’allongement de la durée de traitement.

Parmi les hypothèses concernant les mécanismes à l’origine de cette association, la prise de poids et l’apparition d’un syndrome métabolique induites par le traitement ont été avancées, mais ne sont pas en faveur d’un risque présent dès l’initiation du traitement. D’autres mécanismes, via les récepteurs D3 possiblement impliqués dans maladie thromboembolique veineuse, ou les récepteurs 5-HT2A localisés sur les plaques d’athérosclérose coronarienne, ont également été suggérés.

Limites et perspectives

En l’absence d’essai randomisé, seules des études observationnelles ont été incluses. L’interprétation des résultats est quelque peu limitée par l’importante hétérogénéité retrouvée entre ces études. Des facteurs tels que les comorbidités, l’alcool, le tabac ou les traitements concomitants pourraient être à l’origine de ces incohérences. Des différences sont aussi suspectées selon les molécules et les doses utilisées.

Une augmentation, bien que modeste, du risque d’infarctus avec les neuroleptiques est tout de même à prendre en compte par les cliniciens, en particulier lors de l’initiation d’un traitement et en cas d’association avec des antidépresseurs, eux-mêmes également suspectés d’augmenter le risque d’évènements cardiovasculaires.

Dr Natacha Marpillat

Référence
Yu ZH et coll: Use of antipsychotics and risk of myocardial infarction: a systematic review and meta-analysis. Br J Clin Pharmacol., 2016 ; publication avancée en ligne le 16 mai. Doi: 10.1111/bcp.12985.

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