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Médicaments contre psychothérapies : un combat « mythique » ? (Dr A. Cohen, Journal International de Médecine)

La pharmacothérapie est devenue “sans conteste” le traitement principal dans la plupart des troubles mentaux, et la psychothérapie (y compris de type cognitivo-comportementaliste) est “sur le déclin”. C’est ce qu’affirment les éditorialistes du British Journal of Psychiatry. Les tendances observées aux États-Unis sont “révélatrices de ce déclin” : entre 1998 et 2007, la place des médicaments n’a cessé d’augmenter, à titre d’unique réponse aux problématiques psychiatriques des patients ambulatoires, en reflétant ainsi le déclin significatif du recours à une psychothérapie, employée seule ou associée à la pharmacothérapie. En particulier, l’amplitude moyenne des psychothérapies a baissé de 20 % durant cette période. Toujours aux États-Unis, une étude montre que 62 % des résidents en psychiatrie estiment que la pharmacothérapie constituera le fondement du traitement pour la plupart de leurs patients et que 42 % de ces jeunes psychiatres n’envisagent aucune formation supplémentaire en matière de psychothérapie.

Les auteurs de cet éditorial trouvent ce déclin annoncé des psychothérapies d’autant plus préoccupant que leur efficacité globale se révèle concrètement comparable à celle des médicaments, surtout pour les problèmes les moins lourds (et les plus courants). L’origine de cette désaffection croissante pourrait être profondément idéologique, liée à la croyance que la psychothérapie constituerait un traitement d’ordre psychosocial, alors que la pharmacothérapie serait un traitement biologique. Pourtant, rappellent les auteurs, les neurosciences démontrent que cette conception résolument dichotomique n’est en fait qu’un mythe, car il est vain de vouloir opposer la dimension informationnelle et la dimension matérielle, dans la mesure où des interactions permanentes et réciproques de l’une sur l’autre contribuent vraisemblablement au fonctionnement physiologique du psychisme, et donc à ses éventuels dysfonctionnements, comme aux corrections thérapeutiques de ces dysfonctionnements. Les auteurs ne voient donc aucune justification légitime pour discréditer toutes les psychothérapies, au profit exclusif de la seule approche médicamenteuse.

Dr Alain Cohen

Référence
Prosser A et coll.: Biological versus psychosocial treatments: a myth about pharmacotherapy versus psychotherapy. Br J Psychiatry, 2016; 208:309–311.

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