Un risque accru d’autisme en cas d’accouchement par césarienne ? (Dr A Cohen, Journal International de Médecine)
Les taux de naissances par césarienne « augmentant partout dans le monde », il devient de plus en plus important de comprendre « quelles incidences ce mode d’accouchement peut entraîner sur le développement de l’enfant » expliquent les auteurs d’une étude sur le risque de trouble du spectre autistique (TSA) lié à une naissance par césarienne. Fruit d’une collaboration entre des chercheurs d’Irlande et de Suède, cette étude semble d’autant plus justifiée que, parallèlement à l’essor des césariennes, on observe aussi un accroissement considérable du nombre de TSA qui n’est pas totalement explicable par le changement des critères de diagnostic entre l’époque de l’autisme « historique » de Leo Kanner (1894–1981)[1] et les recensements actuels, fondés sur les visions du DSM et de la CIM.
La population étudiée (en exploitant les registres de naissance en Suède entre 1982 et 2010) comporte près de 2,7 millions d’enfants et plus de 28 000 cas de TSA (1,05 %). Les contrôles ont porté sur plus de 13 000 fratries. Les auteurs constatent que, relativement aux accouchements par voie naturelle, les naissances par césarienne s’accompagnent d’un risque de TSA accru. Ils ont comparé la situation pour les césariennes programmées et pour celles effectuées en urgence, et ont trouvé des rapports de cotes sensiblement équivalents : Hazard Ratio = 1,21 ; intervalle de confiance à 95 % IC [1,15–1,27] pour les césariennes anticipées, et Hazard Ratio = 1,15 ; IC [1,10–1,20] pour les césariennes en urgence.
Les auteurs estiment que cette étude confirme des résultats précédents indiquant que les enfants nés par césarienne ont « un risque augmenté d’environ 20 % d’être diagnostiqués porteurs d’un TSA. » Cependant, le fait que cette association ne persiste pas dans les données concernant les fratries nées aussi par césarienne implique que d’autres facteurs sont sans doute incriminés (génétiques et/ou environnementaux) et que la césarienne n’est qu’un facteur de risque supplémentaire dans le déterminisme d’une affection de nature vraisemblablement polyfactorielle.
[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Leo_Kanner
Dr Alain Cohen