Vaccins pédiatriques et développement neurologique : un modèle (Dr Maryvonne Pierre-Nicolas, Journal International de Médecine)
La vaccination a permis de réduire l’incidence et la prévalence de nombreuses maladies infectieuses. Cependant, en l’absence d’épidémies, la perception que les vaccins présentent plus de risques que les maladies qu’ils préviennent émerge et affecte les taux de vaccination avec pour conséquence la ré-émergence de maladies telles que la récente flambée de rougeole en Californie.
Bien qu’aucun lien de causalité entre vaccination et effets néfastes sur la santé ne soit identifié, il subsiste certaines préoccupations du public notamment par exemple vis à vis d’un lien potentiel avec des troubles du spectre autistique.
Ces préoccupations concernent principalement les conséquences éventuelles de l’exposition au thiomersal, utilisé comme agent de conservation dans la plupart des vaccins pédiatriques dans les années 1990.
Le thiomersal est métabolisé en thiosalicylate et éthylmercure. Ce dernier, contrairement au méthylmercure, ne s’accumule pas dans l’organisme. A l’exception du vaccin anti-grippal inactivé, le thiomersal a été retiré ou réduit à l’état de traces (≤ 1 μg/dose) dans tous les vaccins recommandés chez les enfants de moins de 6 ans.
Le principal objectif de cette étude était d’évaluer si l’exposition cumulée à de multiples vaccins pédiatriques contenant du thiomersal pourrait avoir un effet sur le développement neurologique grâce à une expérimentation sur les macaques, dont le développement du système nerveux suit une trajectoire similaire à celle des humains. Les macaques ont aussi des processus d’apprentissage et de mémoire et des interactions sociales qui imitent ceux observés chez les humains.
Soixante-dix-neuf macaques ont été affectés à six groupes de vaccination :
1) groupe contrôle : injections de solution saline ;
2) groupe ROR : vaccins rougeole-oreillons-rubéole, qui n’ont jamais contenu de thiomersal ;
3) groupe TCV : vaccins contenant du thiomersal selon recommandations en vigueur dans les années 1990 mais aucun vaccin ROR ;
4) groupe 1990 Pediatric : tous les vaccins pédiatriques administrés dans les années 1990, y compris TCVs et ROR
5) groupe 1990 : vaccins pédiatriques administrés dans les années 1990 sur un calendrier accéléré et
6) groupe 2008: schéma vaccinal selon les recommandations de 2008, semblable au calendrier actuel.
Le développement a été évalué de la naissance à 12 mois par l’examen de l’acquisition des réflexes néonatals, du développement de la notion de permanence de l’objet (OCP), des tests informatisés de discrimination, de l’apprentissage et du comportement social infantile.
Les résultats montrent une évolution similaire des réflexes néonatals et du développement de la notion de permanence de l’objet quel que soit le groupe. On constate même des résultats légèrement meilleurs dans les groupes TCV et 1990, de meilleurs résultats pour certains des tests d’apprentissage et une partie des groupes expérimentaux présente moins de comportements sociaux négatifs que le groupe contrôle.
Certaines analyses suggèrent même un effet bénéfique du thiomrosal, cependant, il n’y a actuellement aucun mécanisme biologique plausible pour expliquer ces associations, qui sont probablement imputables au hasard.
En conclusion, cette étude cas-contrôle d’une durée de 5 ans, qui a examiné attentivement les effets des vaccins pédiatriques sur le développement des primates, ne fournit aucune preuve cohérente de déficit du développement neurologique ou de comportement anormal chez les animaux vaccinés.
Dr Maryvonne Pierre-Nicolas