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Un décryptage des troubles de la lecture dans l’autisme (paru sur le site UNIVADIS mars 2015)

Les liens entre la lecture et la réflexion sont anciens. Les Égyptiens de l’Antiquité tenaient ainsi l’écriture pour un don du dieu Thot, désireux « d’aider les hommes à se souvenir. » Mais Ra, le dieu-soleil, tança Thot : « À cause de toi, les hommes ont ainsi le moyen d’oublier tout ce qu’ils savent et n’ont plus besoin de s’en souvenir ! Ils se contenteront de tout consigner par écrit, sans réfléchir ! »

Chez les enfants atteints de troubles du spectre autistique (TSA), les rapports entre la lecture et la compréhension se posent aussi, et des difficultés d’intelligibilité surviennent souvent, bien que les facultés de déchiffrage restent relativement épargnées. Mais les études sur l’évaluation de la lecture dans les TSA concernent généralement des effectifs réduits et ne précisent pas si les résultats dans ce domaine sont liés ou non à des compétences fondamentales (comme le décodage phonologique), nécessaires pour passer de la lecture mécanique à la construction du sens[1] de la chose lue.

L’Année psychologique publie une étude britannique portant sur l’apprentissage de la lecture (décodage, précision, vocabulaire, compréhension) chez 49 enfants et adolescents avec TSA et 49 sujets « neurotypiques »[2] de la même tranche d’âge. Si le décodage et la précision de la lecture se révèlent comparables dans les deux groupes, la maîtrise du vocabulaire et le niveau de compréhension sont « inférieurs à la moyenne » en cas de TSA : près du tiers des enfants avec ce type de troubles présentent un « écart important » entre ce qu’ils lisent et ce qu’ils comprennent. Et les perturbations du décodage phonologique permettent d’ailleurs de « prédire des difficultés de compréhension » chez les enfants avec TSA, mais non chez leurs pairs neurotypiques.

Les auteurs estiment que les « performances apparentes dans la lecture des mots » chez les sujets avec TSA « peuvent masquer des difficultés de base en matière de décodage phonologique. » En se conjuguant avec des faiblesses dans la compréhension orale de la langue (par exemple, la méprise sur le sens figuré des mots ou l’inaptitude à saisir plusieurs idées simultanément), ces difficultés structurelles contribuent à limiter une bonne compréhension de la lecture dans cette population.

[1]  http://www.uvp5.univ-paris5.fr/TFL/AC/AffFicheT.asp?CleFiche=5000&Org=QUTH
[2] Terme consacré par la communauté des personnes avec troubles du spectre autistique pour désigner les gens non concernés par l’autisme ou une problématique analogue.

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