Autisme et pesticides un lien? (Dr M Pierre-Nicolas, Journal International de Médecine, 26/11/2014)
La quantité de pesticides utilisés dans le monde ne cesse d’augmenter. Leur implication dans les altérations du développement cérébral et les troubles neurocognitifs a déjà été évoquée.
Une équipe de scientifiques californiens a ainsi examiné la possibilité d’un lien entre la proximité résidentielle avec des zones d’utilisation de pesticides agricoles pendant la grossesse et l’apparition de troubles du spectre autistique ou de retards de développement chez l’enfant. Leur étude a porté sur près de 1 000 participantes (n = 970).
Près d’un tiers de ces femmes résidaient pendant leur grossesse à moins de 1,5 km d’une zone d’utilisation de pesticides agricoles.
Il apparaît que l’exposition aux organophosphorés à quel que moment de la gestation que ce soit augmente de 60 % le risque de troubles du spectre autistique chez l’enfant, risque particulièrement présent à partir du 3e trimestre de la grossesse (Odds ratio [OR] = 2,0; intervalle de confiance à 95 % [IC95] : 1,1-3,6) et du 2e trimestre pour les expositions au chlorpyrifos en particulier (OR = 3,3; IC95 : 1,5-7,4).
Les enfants nés de mère résidant près d’une zone d’utilisation d’insecticides pyréthroïdes juste avant la conception ou pendant le troisième trimestre avaient également un risque plus élevé à la fois de troubles autistiques et de retard de développement (OR de 1,7 à 2,3). Concernant les carbamates, bien que moins robustes, les résultats suggèrent également une association avec un risque de retard de développement en cas d’exposition pendant la grossesse mais sans qu’une période de vulnérabilité spécifique puisse être identifiée.
Ces observations apportent des arguments en faveur d’un lien entre troubles du développement neurologique et exposition gestationnelle aux pesticides organophosphorés, en particulier, et fournit de nouveaux résultats sur l’association entre troubles du spectre autistique et retards de développement avec l’exposition aux pyréthroïdes et aux carbamates.
Dr Maryvonne Pierre-Nicolas