Agression d’un jeune homme autiste par les forces de l’ordre
Témoignage poignant de l’agression d’un jeune homme autiste de 29 ans résidant du FAM S.Veil.
Le courrier ci-dessous est adressé par la maman à Autisme France.
Au-delà de la plainte, que les parents vont déposer, il me semble que ce sujet devrait être porté à la connaissance de S.Cluzel ? de députés ? pour que les policiers soient formés à reconnaître le handicap mental.
Pouvons-nous aider en ce sens ?
« Bonjour,
nous sommes adhérents de l’association autisme France et
notre fils XXXXX, autiste, âgé de 29 ans, est actuellement
au FAM Simone Weil, dans le quinzième arrondissement de
Paris. XXXXX passe la semaine en internat au FAM et le week
end chez nous, dans le XIeme arrondissement de Paris.
Dimanche 3 octobre XXXXX a été victime d’une agression
insupportable de la part des forces de l’ordre, que nous
souhaitons porter à la connaissance d’autisme france.
Voici un exposé des faits. Nous sommes sortis dimanche, avec
notre fils, de notre domicile, situé 39 Bd de Ménilmontant,
vers 15h15 pour aller visiter un jardin participatif situé à
une centaine de mètre de notre domicile. Le but de cette
visite était de voir dans quelle mesure XXXXX pourrait
participer aux activités de ce jardin ce qui lui
permettrait de centrer une partie de sa vie sur des
occupations utiles à la communauté. Nous avons rencontré un
des animateurs du jardin qui nous a fait visiter les lieux.
Au bout d’une vingtaine de minutes XXXXX a montré des
signes d’impatience et a décidé de rentrer à la maison,
située comme dit plus haut à une centaine de mètres du
jardin. XXXXX est coutumier du fait et nous avons
l’habitude de le retrouver à notre appartement, il connait
le quartier comme sa poche, y habitant depuis sa naissance.
Nous avons continué la visite des lieux avec notre
interlocuteur qui nous expliquait l’historique de ce
jardin. Au bout d’une quinzaine de minutes j’ai décidé de
revenir à l’appartement pour vérifier qu’XXXXX était bien
rentré. Notre immeuble est situé au fond d’un passage privé
donnant sur le boulevard Ménilmontant, l’accès à l’immeuble
est fermé par une grille située au fond du passage et
donnant sur une cour. En me dirigeant vers mon domicile
j’ai la surprise de voir une dizaine de policiers fermer
l’accès à ce passage. Craignant que mon fils ait été
victime d’une agression je me précipite et là je vois un
voisin au bord du passage me disant « c’est votre fils ». Le
passage est bloqué par la police, un important dispositif
policier est en place et je vois, au fond de l’allée, XXXXX
assis par terre, les mains menottées dans le dos. Je veux
l’approcher en disant aux policiers: que se passe-t-il?
c’est mon fils, je veux le voir. On m’interdit l’accès.
Après plusieurs minutes, un policier vient me demander mon
identité, celle de mon fils, et un autre policier vient
m’expliquer: une personne a appelé la police pour dire
qu’un individu « armé » et semblant bizarre se tenait devant
le grillage d’entrée de l’immeuble. Les policiers sont
arrivés en très peu de temps. Il me dit que mon fils les
aurait « agressés » et qu’ils se sont défendus en lui
envoyant un LBD puis un Taser. Finalement l' »arme » dont il
s’agit se révèle être… une petite cuiller (Erwin est
autiste, il a souvent besoin d’avoir un objet dans les
mains pour se rassurer, petite cuiller, brosse à dents,
bouchon de bouteille de coca etc…). Ils m’autorisent à
venir le voir. XXXXX a le visage en sang, il est prostré.
Les pompiers arrivent, je pars avec eux direction les
urgences de l’hôpital Saint Antoine où il est pris en
charge. Il a: un hématome au niveau du thorax dû au LBD,
une coupure au menton due à sa chute suite au Taser, un
« hameçon » de Taser dans le cou. Entrés aux urgences vers
17h15 nous en sortons finalement vers 23h après des soins
qui ont nécessité 7 points de suture (4 au menton et 3 au
cou, suite aux blessures dûes au Taser). Nous avons demandé
le témoignage des voisins qui ont assisté à la scène,
notamment celui de la jeune femme qui a appelé les « forces
de l’ordre » (si on peut les appeler ainsi…). Voici les
faits tels qu’ils nous ont été relatés. Cette jeune femme
était dans un RBNB au rez-de-chaussée de l’immeuble et elle
est sortie de la cour, franchissant la grille au moment où
Erwin arrivait. Elle ne le connaissait pas mais a vu qu’il
cherchait à rentrer et lui a proposé de rentrer dans la
cour. XXXXX, probablement perturbé par le fait qu’il ne la
connaissait pas, n’en a rien fait, il est resté dans le
passage menant à la grille et a commencé à montrer des
signes d’énervement (notamment d’auto-agressivité, se
frappant la tête). La jeune fille a alors décidé d’appeler
la police. XXXXX avait à la main une petite cuiller qu’il
remettait régulièrement dans sa poche. Une autre personne
est sortie de la cour par la grille à ce moment-là mais
XXXXX n’est toujours pas rentré. En quelques minutes la
police est arrivée, ils ont débarqué à cinq policiers dans
le passage. La jeune femme leur a expliqué qu’Erwin ne lui
semblait pas dangereux, simplement qu’il avait l’air
d’avoir des problèmes psychologiques, et que leur
dispositif lui semblait disproportionné, d’autant plus que
des renforts sont arrivés très vite, mais ceux-ci ont
commencé à intimer des ordres à Erwin « lâche ce que tu as
dans la main », XXXXX a pris peur, il a couru vers les
poiliciers et ceux-ci ont alors réagi violemment, avec un
tir de LBD puis de Taser (je précise que mon fils, de
taille moyenne et plutôt gringalet n’a rien
d’impressionnant, surtout comparé à des policiers costauds
en gilet pare-balles). Ils se sont jetés sur lui. Un
habitant de l’immeuble, choqué, est alors sorti et leur a
expliqué qu’XXXXX était autiste, n’était absolument pas
dangereux, qu’il habitait là, et leur a demandé de le relâcher. Les policiers,
agressifs, lui ont répliqué qu’ils savaient ce qu’ils
faisaient. La jeune femme qui avait appelé la police, en me
voyant arriver, s’est excusée de ce qu’elle avait fait (bien
sûr elle n’est pas responsable du comportement délirant des
forces de l’ordre). Je précise que, durant toute cette
scène XXXXX était seul, ne menaçait personne, et de plus
était dans un passage privé, donc chez lui, ce qui pose
tout simplement la question de la légalité de l’action de
la police (sans parler de sa légitimité…).
Nous estimons que la disproportion entre la « menace »
constituée par XXXXX et la réaction des forces de l’ordre,
avec des conséquences graves pour notre fils, justifie une
action en justice de notre part, notamment afin d’éviter que
pareille situation, impliquant des personnes autistes, ne se
reproduise.
Bien sûr nous tenons à votre disposition toutes les pièces
que nous avons rassemblées (témoignages, certificats de
l’hopital). »
nous sommes adhérents de l’association autisme France et
notre fils XXXXX, autiste, âgé de 29 ans, est actuellement
au FAM Simone Weil, dans le quinzième arrondissement de
Paris. XXXXX passe la semaine en internat au FAM et le week
end chez nous, dans le XIeme arrondissement de Paris.
Dimanche 3 octobre XXXXX a été victime d’une agression
insupportable de la part des forces de l’ordre, que nous
souhaitons porter à la connaissance d’autisme france.
Voici un exposé des faits. Nous sommes sortis dimanche, avec
notre fils, de notre domicile, situé 39 Bd de Ménilmontant,
vers 15h15 pour aller visiter un jardin participatif situé à
une centaine de mètre de notre domicile. Le but de cette
visite était de voir dans quelle mesure XXXXX pourrait
participer aux activités de ce jardin ce qui lui
permettrait de centrer une partie de sa vie sur des
occupations utiles à la communauté. Nous avons rencontré un
des animateurs du jardin qui nous a fait visiter les lieux.
Au bout d’une vingtaine de minutes XXXXX a montré des
signes d’impatience et a décidé de rentrer à la maison,
située comme dit plus haut à une centaine de mètres du
jardin. XXXXX est coutumier du fait et nous avons
l’habitude de le retrouver à notre appartement, il connait
le quartier comme sa poche, y habitant depuis sa naissance.
Nous avons continué la visite des lieux avec notre
interlocuteur qui nous expliquait l’historique de ce
jardin. Au bout d’une quinzaine de minutes j’ai décidé de
revenir à l’appartement pour vérifier qu’XXXXX était bien
rentré. Notre immeuble est situé au fond d’un passage privé
donnant sur le boulevard Ménilmontant, l’accès à l’immeuble
est fermé par une grille située au fond du passage et
donnant sur une cour. En me dirigeant vers mon domicile
j’ai la surprise de voir une dizaine de policiers fermer
l’accès à ce passage. Craignant que mon fils ait été
victime d’une agression je me précipite et là je vois un
voisin au bord du passage me disant « c’est votre fils ». Le
passage est bloqué par la police, un important dispositif
policier est en place et je vois, au fond de l’allée, XXXXX
assis par terre, les mains menottées dans le dos. Je veux
l’approcher en disant aux policiers: que se passe-t-il?
c’est mon fils, je veux le voir. On m’interdit l’accès.
Après plusieurs minutes, un policier vient me demander mon
identité, celle de mon fils, et un autre policier vient
m’expliquer: une personne a appelé la police pour dire
qu’un individu « armé » et semblant bizarre se tenait devant
le grillage d’entrée de l’immeuble. Les policiers sont
arrivés en très peu de temps. Il me dit que mon fils les
aurait « agressés » et qu’ils se sont défendus en lui
envoyant un LBD puis un Taser. Finalement l' »arme » dont il
s’agit se révèle être… une petite cuiller (Erwin est
autiste, il a souvent besoin d’avoir un objet dans les
mains pour se rassurer, petite cuiller, brosse à dents,
bouchon de bouteille de coca etc…). Ils m’autorisent à
venir le voir. XXXXX a le visage en sang, il est prostré.
Les pompiers arrivent, je pars avec eux direction les
urgences de l’hôpital Saint Antoine où il est pris en
charge. Il a: un hématome au niveau du thorax dû au LBD,
une coupure au menton due à sa chute suite au Taser, un
« hameçon » de Taser dans le cou. Entrés aux urgences vers
17h15 nous en sortons finalement vers 23h après des soins
qui ont nécessité 7 points de suture (4 au menton et 3 au
cou, suite aux blessures dûes au Taser). Nous avons demandé
le témoignage des voisins qui ont assisté à la scène,
notamment celui de la jeune femme qui a appelé les « forces
de l’ordre » (si on peut les appeler ainsi…). Voici les
faits tels qu’ils nous ont été relatés. Cette jeune femme
était dans un RBNB au rez-de-chaussée de l’immeuble et elle
est sortie de la cour, franchissant la grille au moment où
Erwin arrivait. Elle ne le connaissait pas mais a vu qu’il
cherchait à rentrer et lui a proposé de rentrer dans la
cour. XXXXX, probablement perturbé par le fait qu’il ne la
connaissait pas, n’en a rien fait, il est resté dans le
passage menant à la grille et a commencé à montrer des
signes d’énervement (notamment d’auto-agressivité, se
frappant la tête). La jeune fille a alors décidé d’appeler
la police. XXXXX avait à la main une petite cuiller qu’il
remettait régulièrement dans sa poche. Une autre personne
est sortie de la cour par la grille à ce moment-là mais
XXXXX n’est toujours pas rentré. En quelques minutes la
police est arrivée, ils ont débarqué à cinq policiers dans
le passage. La jeune femme leur a expliqué qu’Erwin ne lui
semblait pas dangereux, simplement qu’il avait l’air
d’avoir des problèmes psychologiques, et que leur
dispositif lui semblait disproportionné, d’autant plus que
des renforts sont arrivés très vite, mais ceux-ci ont
commencé à intimer des ordres à Erwin « lâche ce que tu as
dans la main », XXXXX a pris peur, il a couru vers les
poiliciers et ceux-ci ont alors réagi violemment, avec un
tir de LBD puis de Taser (je précise que mon fils, de
taille moyenne et plutôt gringalet n’a rien
d’impressionnant, surtout comparé à des policiers costauds
en gilet pare-balles). Ils se sont jetés sur lui. Un
habitant de l’immeuble, choqué, est alors sorti et leur a
expliqué qu’XXXXX était autiste, n’était absolument pas
dangereux, qu’il habitait là, et leur a demandé de le relâcher. Les policiers,
agressifs, lui ont répliqué qu’ils savaient ce qu’ils
faisaient. La jeune femme qui avait appelé la police, en me
voyant arriver, s’est excusée de ce qu’elle avait fait (bien
sûr elle n’est pas responsable du comportement délirant des
forces de l’ordre). Je précise que, durant toute cette
scène XXXXX était seul, ne menaçait personne, et de plus
était dans un passage privé, donc chez lui, ce qui pose
tout simplement la question de la légalité de l’action de
la police (sans parler de sa légitimité…).
Nous estimons que la disproportion entre la « menace »
constituée par XXXXX et la réaction des forces de l’ordre,
avec des conséquences graves pour notre fils, justifie une
action en justice de notre part, notamment afin d’éviter que
pareille situation, impliquant des personnes autistes, ne se
reproduise.
Bien sûr nous tenons à votre disposition toutes les pièces
que nous avons rassemblées (témoignages, certificats de
l’hopital). »