L’Île-de-France perd ses spécialistes libéraux de façon inquiétante (Loan Tranthimy, Le Quotidien du Médecin
APRÈS LES GÉNÉRALISTES, LA PREMIÈRE RÉGION ÉCONOMIQUE FRANÇAISE EST FRAPPÉE PAR UNE BAISSE SIGNIFICATIVE DU NOMBRE DE SPÉCIALISTES (PSYCHIATRES, GYNÉCOLOGUES, DERMATOLOGUES, ORL, ETC.). L’URPS MÉDECINS LIBÉRAUX FRANCILIENNE LANCE L’ALERTE ALORS QUE 30 % DES SPÉCIALISTES LIBÉRAUX EN ILE-DE-FRANCE ONT PLUS DE 65 ANS.
CHIFFRES À L’APPUI, LE RADIOLOGUE PARISIEN DÉVOILE UNE ÉTUDE QUI PROUVE QUE LA RÉGION – QUI SOUFFRE DÉJÀ D’UNE PÉNURIE EN MÉDECINE GÉNÉRALE – VOIT BAISSER INEXORABLEMENT SES BATAILLONS DE MÉDECINS SPÉCIALISTES. EN HUIT ANS (2009-2017), LA CHUTE N’A ÉPARGNÉ AUCUNE SPÉCIALITÉ. MAIS CINQ D’ENTRE ELLES SONT PARTICULIÈREMENT IMPACTÉES : LES PSYCHIATRES LIBÉRAUX (-30 % EN HUIT ANS), GYNÉCOLOGUES (-29 %), DERMATOLOGUES (-25 %), ORL ET RHUMATOLOGUES (-21 % CHACUN).
CETTE TENDANCE EST D’AUTANT PLUS PRÉOCCUPANTE POUR L’ACCÈS AUX SOINS QU’ELLE CONCERNE DES SPÉCIALITÉS OÙ LES LIBÉRAUX SONT TRÈS MAJORITAIRES PAR RAPPORT AUX SALARIÉS : 72 % DES DERMATOLOGUES FRANCILIENS EXERCENT EN LIBÉRAL, 68 % DES ORL, 63 % DES GYNÉCOLOGUES ET 58 % DES RHUMATOLOGUES. LA BAISSE DES EFFECTIFS EST BEAUCOUP PLUS LIMITÉE POUR LES RADIOLOGUES (-3 %), LES ENDOCRINOLOGUES (-3 %) OU LES PNEUMOLOGUES (-1 %).
LA GRANDE COURONNE PLUS AFFECTÉE
LA PÉNURIE DE SPÉCIALISTES FRAPPE LES DÉPARTEMENTS DE FAÇON INÉGALE. LA GRANDE COURONNE FRANCILIENNE EST LA PLUS AFFECTÉE. PAR EXEMPLE, LA SEINE-ET-MARNE A PERDU 40 % DE SES DERMATOLOGUES DE VILLE EN HUIT ANS ; LE VAL D’OISE ACCUSE LA PERTE DE 39 % DE SES ORL LIBÉRAUX. SI PARIS ET LA PETITE COURONNE SONT MOINS FRAGILISÉS, LES SPÉCIALISTES « NE SUFFISENT À Y RÉPONDRE AUX BESOINS », AFFIRME L’URPS. SANS COMPTER QU’À PARIS, 38 % DES ACTES DES SPÉCIALISTES SONT DÉJÀ RÉALISÉS… AUPRÈS DE PATIENTS DES AUTRES DÉPARTEMENTS FRANCILIENS.
PLUS GRAVE, LA TENDANCE N’EST PAS PRÊTE DE S’INVERSER PUISQUE 30 % DES SPÉCIALISTES LIBÉRAUX EN ACTIVITÉ DANS LA RÉGION ONT PLUS DE 65 ANS, OUVRANT LA VOIE À DES DÉPARTS À LA RETRAITE DE « 3 400 MÉDECINS » À TOUT MOMENT. LA PSYCHIATRIE, LA GYNÉCOLOGIE, LA RHUMATOLOGIE ET LA DERMATOLOGIE SONT LES QUATRE SPÉCIALITÉS CLINIQUES OÙ LA PART DE PRATICIENS ÂGÉS DE PLUS DE 65 ANS EST LA PLUS ÉLEVÉE (DE 33 % À 44 %). « LA DERMATOLOGIE SE FAIT À PLUS DE 70 % EN LIBÉRAL ET UN TIERS DE CES MÉDECINS ONT PLUS DE 65 ANS, RÉSUME LE DR SILBERMAN. LA PYRAMIDE DES ÂGES EST CATASTROPHIQUE ET L’OFFRE EST EN PÉRIL ». ET DANS CETTE DISCIPLINE CE N’EST PAS LE NOMBRE D’INTERNES FORMÉS (15 POSTES EN DERMATOLOGIE OUVERTS PAR AN EN ILE-DE-FRANCE) QUI VA CHANGER LA DONNE.
C’EST À PARIS OÙ LA PROPORTION DE SPÉCIALISTES DE PLUS DE 65 ANS EST LA PLUS IMPORTANTE (39 % DES EFFECTIFS). DANS LA CAPITALE, CE POURCENTAGE DÉPASSE MÊME 40 % CHEZ LES CARDIOLOGUES, LES PSYCHIATRES, LES GYNÉCOLOGUES ET LES RHUMATOLOGUES.
MANQUE D’ANTICIPATION
POUR EXPLIQUER CE SOMBRE TABLEAU, L’URPS AVANCE PLUSIEURS EXPLICATIONS : COÛT D’INSTALLATION PROHIBITIF DANS LA RÉGION, PANNE D’ATTRACTIVITÉ DE CERTAINES ZONES, ABSENCE DE LIEN ENTRE L’EXERCICE DE VILLE ET LA FORMATION HOSPITALO-UNIVERSITAIRE (TROP PEU DE STAGES LIBÉRAUX) OU ENCORE MANQUE D’ANTICIPATION DANS LE NOMBRE DE PRATICIENS À FORMER.
L’URPS INVITE LE GOUVERNEMENT À PRENDRE DES MESURES URGENTES : ACCROÎTRE LE NOMBRE DE POSTES D’INTERNES DANS CERTAINES SPÉCIALITÉS ; INSTAURER DES AVANTAGES SOCIAUX (ET MÊME UN STATUT) POUR LES MÉDECINS QUI POURSUIVENT UNE ACTIVITÉ APRÈS 65 ANS ; MIEUX FINANCER L’ASSISTANT MÉDICAL ET LA DÉLÉGATION DE TÂCHES DANS LES SPÉCIALITÉS TECHNIQUES QUI LE PERMETTENT (ORL, CARDIOLOGIE, GASTRO-ENTÉROLOGIE, RHUMATOLOGIE, ETC.) ; METTRE EN PLACE DES ÉQUIPES DE SOINS SPÉCIALISÉS OU ENCORE REVALORISER LA TÉLÉ-EXPERTISE.
LOAN TRANTHIMY