Facteur de risque d’autisme : l’âge des parents à la conception… (Dr Alain Cohen, Journal International de Médecine)
Le vieillissement des gamètes représente classiquement un facteur prédisposant pour certaines affections génétiques, en particulier la trisomie 21. Mais si son rôle demeure moins connu dans le déterminisme des troubles du spectre autistique, il est fortement suggéré par les résultats d’une méta-analyse réalisée en Chine, consacrée à l’influence de l’âge parental sur le risque d’autisme infantile.
S’appuyant sur 27 études (publiées jusqu’en novembre 2015), les auteurs de cette recherche observent en effet une influence significative, à la fois de l’âge maternel et de l’âge paternel à la conception de l’enfant. Un âge maternel moins élevé est associé à une « réduction du risque d’autisme infantile supérieure à 10 % » (Odds ratio [OR] = 0,89 ; intervalle de confiance à 95 %, IC95 [0,75–1,06]), et un âge paternel moins élevé est associé à une « réduction du risque proche de 20 % » (OR = 0,81 ; IC95 [0,73–0,89]). À l’inverse, un âge maternel plus élevé est associé à une « augmentation du risque d’autisme infantile de 41 % » (OR = 1,41 ; IC95 [1,29–1,55]), et un âge paternel plus élevé est associé à une « aggravation du risque de 55 % », donc encore plus importante (OR = 1,55 ; IC95 [1,39–1,73]).
Une relation « dose réponse »
Cette méta-analyse révèle que l’amplification du risque s’apparente à une relation de type « dose-réponse » correspondant, pour une augmentation de 10 ans de l’âge parental, à une majoration parallèle du risque d’autisme chez les enfants : +18 % quand cette décennie supplémentaire affecte l’âge maternel, et +21 % quand elle concerne l’âge paternel.
Si ces associations significatives ne résument pas bien sûr les causes de l’accroissement actuel dans la prévalence de l’autisme (qui constitue un trouble neurodéveloppemental de nature plurifactorielle), elles y contribuent vraisemblablement, dans un contexte sociodémographique où l’âge des parents à la conception d’un premier enfant augmente dans de nombreux pays. Mais des recherches plus approfondies sont attendues pour préciser les mécanismes sous-jacents (génétiques ou/et épigénétiques) à l’origine de cette incidence épidémiologique de l’âge parental sur la probabilité d’autisme infantile.
Références
Wu S et coll.: Advanced parental age and autism risk in children: a systematic review and meta-analysis. Acta Psychiatr Scand., 2017; 135: 29–41.