Autisme : un gène identifié dans une forme rare offre une piste thérapeutique chez l’homme (Stéphany Mocquery, Le Quotidien du Médecin)
Une équipe internationale de chercheurs vient d’identifier un gène impliqué dans une forme rare d’autisme, selon un article publié dans la revue « Cell ».
Les données scientifiques sur les familles de patients atteints de troubles du spectre autistique plaident pour l’existence de facteurs génétiques dans ces pathologies. Mais la variété de gènes potentiellement impliqués ne permet que rarement de conclure à l’implication d’une seule mutation génétique dans ces troubles. Pour autant, il est possible que des mutations sur des gènes différents aient un effet sur un même mécanisme biologique, responsable de ces pathologies.
Des souris knock-out pour SLC7A5
Dans l’étude publiée dans « Cell », le Pr Gaia Novarino et son équipe se sont intéressés à un gène en particulier, SLC7A5. Ce gène code un transporteur des acides aminés à chaîne ramifiée (AACR), indispensables au fonctionnement du cerveau, situé au niveau de la barrière hémato-encéphalique.
Les scientifiques ont étudié des souris chez lesquelles ce gène avait été délété au niveau des cellules endothéliales de la barrière hémato-encéphalique. Ils ont observé une diminution de la concentration en AACR dans le cerveau, une perturbation de la synthèse protéique dans les neurones et l’apparition de sévères anomalies neurologiques (déséquilibre de l’activité neuronale). Les souris présentaient une réduction des interactions sociales ainsi que des changements de comportement, retrouvés dans d’autres modèles murins d’autisme.
Afin de déterminer si SLC7A5 jouait également un rôle chez l’Homme, les chercheurs ont analysé les gènes d’enfants issus de mariages consanguins et présentant des troubles du spectre autistique. Ils ont identifié, chez certains enfants autistes, des mutations sur le gène SLC7A5.
Enfin, en injectant directement dans le cerveau de souris adultes, présentant une délétion du gène SLC7A5, des acides aminés à chaîne ramifiée pendant 3 semaines, les chercheurs ont observé une amélioration du comportement des souris. Ces résultats vont à l’encontre de l’idée qui voudrait que les symptômes du trouble autistique soient irréversibles.
« Ces résultats offrent une piste de traitement pour certains symptômes de cette forme de troubles du spectre autistique chez la souris, mais la traduction en traitement pour des patients atteint d’autisme demandera plusieurs années de recherche supplémentaires », souligne Dora Tarlungeanu, première auteure de l’étude.
Plusieurs gènes impliqués
Récemment, Gaia Novarino et ses collègues ont identifié, chez des patients atteints de troubles du spectre autistique, de déficience intellectuelle et d’épilepsie, des mutations dans un autre gène impliqué dans le catabolisme des AACR avant leur passage de la barrière hémato-encéphalique.
« Bien évidemment, les gènes impliqués dans l’autisme n’affectent pas tous les niveaux d’acides aminés, et ces formes d’autisme sont indiscutablement très rares, mais il est possible que d’autres gènes responsables de l’autisme appartiennent à ce groupe », souligne le Pr Gaia Novarino.