Apprécier les mouvements oculaires chez les autistes
Alain Cohen, Dr | 26 Novembre 2024
Fondée en 1880 grâce à l’apport financier initial de Thomas Alva Edison, et diffusée depuis lors sous l’égide de l’AAAS (Association Américaine pour l’Avancement des Sciences), la revue Science peut notamment s’enorgueillir d’avoir publié le génome humain dans son intégralité pour la première fois, des images inédites de la planète Mars, et les premières études reliant le SIDA au virus de l’immunodéficience humaine.
Exerçant au département de psychologie de l’Université de Houston (aux États-Unis) où il poursuit des travaux sur les mécanismes visuels et neuronaux sous-tendant la perception sociale chez les personnes avec autisme, Jason Griffin explique dans Science avoir un jeune frère autiste qui, dans l’enfance, ne parlait pas beaucoup, n’établissait pas de contact visuel et avait du mal à interagir socialement.
Ce contexte familial a fortement motivé le chercheur pour « contribuer à améliorer la vie des personnes autistes ». Pour mieux comprendre leurs troubles des processus de communication sociale, l’auteur s’est efforcé d’évaluer comment « la reconnaissance des visages et la mémoire épisodique sont affectées dans l’autisme. »
Les yeux sont le miroir de l’âme
Donnant une nouvelle actualité à l’aphorisme remontant à la Bible et à Cicéron, Vultus est index animi (en français : « les yeux sont le miroir de l’âme », et en anglais « eyes are windows to the brain » titre original de cet article, les yeux sont les fenêtres du cerveau), ces recherches visent à développer « notre compréhension de l’attention sociale dans l’autisme », en recourant non seulement à un classique « suivi oculaire informatisé pour mesurer la réponse neuronale et l’attention sociale aux images de scènes sociales ou de visages » mais aussi, de manière innovante, à des marqueurs neuronaux pouvant « prédire l’attention sociale quand des autistes interagissent avec de vraies personnes. »
Devant en particulier comporter « une technologie ambulatoire pour suivre les mouvements des yeux dans des situations réelles », ces travaux constituent, selon l’auteur, une innovation majeure dans la recherche sur l’autisme, vu leur « potentiel considérable » pour élucider les mécanismes neuronaux et visuels sous-tendant l’expérience vécue des personnes autistes.