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Psychiatrie : quel poids donner à l’effet placebo ?

Article de Caroline Guignot paru dans univadis

En compilant des études cliniques randomisées de haute qualité méthodologique, une méta-analyse décrit l’importance de l’effet placebo dans 9 des principales pathologies psychiatriques. C’est dans les troubles dépressifs majeurs et les troubles anxieux généralisés que la réponse placebo serait la plus importante. Il apparaît aussi pour la première fois qu’il existe un effet placebo significatif dans les troubles déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH).

L’effet placebo regroupe les améliorations induites par la suggestion, l’espoir d’un traitement efficace et les effets du conditionnement lié à l’administration de médicaments. Dans les pathologies psychiatriques, cet effet n’est pas distribué de façon homogène. Une précédente méta-analyse réalisée en 2005 montre que pour 6 d’entre elles, l’effet placebo existe mais il est d’importance hétérogène et dépend notamment de l’évolution même de la maladie, de la psychoéducation et d’autres éléments du parcours du patient pouvant influencer ce phénomène.

Afin de mieux la quantifier et ainsi aider à l’interprétation des études cliniques et aux décisions thérapeutiques, une équipe allemande a conduit une nouvelle méta-analyse pour 9 pathologies psychiatriques : le trouble dépressif majeur (TDM), les troubles maniaques, la schizophrénie, les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), le TDAH, le trouble anxieux généralisé (TAG), les troubles du stress post-traumatique (TSPT), les troubles paniques et la phobie sociale. Pour cela, les chercheurs ont sélectionné, pour chacune de ces pathologies, les 10 études cliniques randomisées les plus récentes et de plus haute qualité méthodologique.

Ils ont calculé la taille de l’effet normalisé avant et après l’administration du placebo. Cette approche permettait de s’affranchir des échelles d’évaluation utilisées, qui variaient d’une étude à l’autre. Pour les études dans lesquelles l’échelle de sévérité transdiagnostique CGI (Clinician’s Global Impressions) avait été utilisée, les auteurs ont conduit une analyse post hoc visant à intégrer la sévérité des symptômes.

Les femmes seraient plus particulièrement sensibles à la réponse placebo

Au total, 90 essais cliniques randomisés ont été inclus dans la méta-analyse, regroupant un total de 9 985 participants adultes traités par placebo. Un effet placebo significatif a été observé pour l’ensemble des troubles psychiatriques étudiés.

La taille la plus importante de l’effet a été observée dans les TDM et les TAG. L’effet placebo le plus faible a été observé dans la schizophrénie et les TOC. Pour chacune des pathologies, une hétérogénéité significative de la réponse placebo a été observée, plus particulièrement dans les TAG, les troubles maniaques, les TDM, le TSPT et la schizophrénie.

Parce que ces résultats sont influencés par le design des études et les caractéristiques des patients inclus, il est important de prendre ces résultats avec prudence. Pour autant, les auteurs remarquent que les améliorations symptomatiques significatives observées sous placebo justifient que les études cliniques psychiatriques comparent de nouvelles molécules à celui-ci.

In fine, 47 des études analysées incluaient le score de sévérité CGI, ce qui a permis une comparaison trans-diagnostique. Celle-ci a permis de mettre en évidence une réponse placebo plus forte dans le TAG, les troubles paniques et les TDM. Selon l’analyse multivariée, le sexe féminin était associé à une taille d’effet supérieure du placebo, y compris après intégration du score CGI.

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