Dépression et TSA de l’adulte, souvent un mauvais sommeil (Dr Alain Cohen, Journal International de Médecine)
Les personnes avec des troubles du spectre de l’autisme (TSA) ont un risque accru de troubles du sommeil et de dépression, rappelle Autism Research, dans une publication d’une équipe du Département de Psychiatrie et des Sciences du Comportement de l’Université de Californie (à San Francisco). Dans un contexte où les études sur la population générale ont confirmé l’existence de « liens entre les troubles du sommeil et la santé mentale », les auteurs ont souhaité préciser, plus particulièrement chez les jeunes adultes avec TSA, l’association entre des troubles du sommeil et une symptomatologie dépressive, d’autant plus que peu d’études ont déjà évalué dans quelle mesure des problèmes de sommeil peuvent être impliqués dans les taux très élevés de dépression chez les adultes autistes.
Portant sur un échantillon de 304 adultes (âgés de 18 à 35 ans) ayant reçu un diagnostic de TSA dans l’enfance, cette étude analyse les données (autodéclarées) concernant la qualité et la durée moyenne de leur sommeil au cours de la semaine écoulée, pour rapprocher ces informations de l’évaluation de troubles dépressifs éventuels, établie à l’aide de l’outil Beck Depressive Inventory-II[1]. Les auteurs constatent qu’une proportion significative (86,01 %) de jeunes adultes autistes ont connu « au moins l’un des principaux troubles du sommeil : temps de sommeil total court (39,59 %), mauvaise efficacité du sommeil (60,07 %) ou sommeil retardé (36,18 %). » Et surtout, médiocre efficacité du sommeil et retard d’endormissement sont associés à des symptômes dépressifs plus élevés.
Ces liens observés entre une mauvaise qualité du sommeil et une probabilité accrue de symptômes dépressifs laissent espérer, estiment les auteurs, que « les traitements des troubles du sommeil seraient susceptibles d’améliorer les symptômes dépressifs chez les adultes autistes éprouvant également des problèmes de sommeil. » Mais des recherches complémentaires demeurent nécessaires, en s’appuyant notamment sur des journaux de sommeil quotidiens, des mesures objectives et des études longitudinales, afin de mieux comprendre les mécanismes sous-tendant cette association entre altérations du sommeil et symptômes dépressifs chez les adultes avec TSA.
[1] https://institutpsychoneuro.com/wp-content/uploads/2015/08/BDI-II.pdf
Dr Alain Cohen
Référence
Lampinen LA et coll.: Patterns of sleep disturbances and associations with depressive symptoms in autistic young adults. Autism Research, 2022; 15: 2126–2137.