Encore trop d’enfants handicapés sont déscolarisés (Quentin Haroche, Journal international de Médecine)
Paris, le lundi 29 août 2022 – A l’approche de la rentrée, l’Unapei et la Défenseure des Droits alertent sur la situation des enfants handicapés, encore trop souvent pas ou mal scolarisés.
C’est bientôt la rentrée. Dans des millions de familles françaises, on vérifie cartables, stylos et cahiers et on profite des derniers instants de vacances. Mais ce n’est malheureusement pas le cas de tous les enfants.
Certains jeunes handicapés ne sont toujours pas scolarisés, faute de bénéficier d’un accompagnant d’élève en situation de handicap (AESH) ou d’un auxiliaire de vie scolaire (AVS) ou tout simplement de trouver un établissement scolaire qui accepte de les accueillir.
L’Unapei, fédération qui regroupe plusieurs associations défendant les droits des handicapés mentaux et de leur famille, a tenté de mesurer ce phénomène de déscolarisation.
En s’appuyant sur un échantillon de 8 000 enfants handicapés accompagnés par ses antennes locales, l’association estime que 18 % d’entre eux sont totalement déscolarisés et que seulement 27 % bénéficient d’au moins 12 heures d’école par semaine.
« Encore une fois, les élèves porteurs d’un handicap mental sont les invisibles, les oubliés et voient leurs droits bafoués » a dénoncé dans un communiqué paru le 22 août dernier Luc Gateau, président de l’Unapei.
Au-delà de l’absence de scolarisation, la fédération considère que les dispositifs d’accueil des enfants handicapés « ne s’attachent pas à la qualité de la scolarisation » et soulignent les cas de familles qui doivent parfois attendre plusieurs années avant de trouver une solution pour leur enfant.
Un manque de moyens humains et financiers
Cette enquête de l’Unapei trouve un écho particulier dans un rapport publié par la Défenseure des droits ce lundi qui porte également sur la situation des enfants handicapés. En 2021, cette institution a reçu 700 réclamations concernant la vie scolaire d’élèves handicapés, soit 20 % des plaintes relatives à l’enfance, « un chiffre en hausse » précise l’institution.
Selon le rapport, la déscolarisation des enfants handicapés est essentiellement due à un manque de moyens humains et financiers pour les accompagner.
« Ce qui nous a frappés dans les réclamations reçues ces derniers mois, ce sont les attributions d’AESH qui ne sont pas appliquées faute de moyens » indique la Défenseure des droits Claire Hédon.
« Or les conséquences sont dramatiques pour l’enfant : non scolarisation ou très peu d’heures de cours ». La précarité du métier d’AESH n’arrange pas les choses. Leur contrat dépasse rarement les 24 heures par semaine, leur rémunération tourne autour des 800 euros nets par mois, leur formation est souvent insuffisante et leur mission mal définie.
« De l’attractivité du métier d’AESH et d’AVS dépend la bonne prise en charge des enfants » continue Claire Hédon. Le rapport pointe également certaines absurdités administratives, comme le fait que les AESH ne peuvent pas accompagner les enfants lors du temps périscolaire (récréation, cantine…), qui relève d’autres accompagnants.
De plus en plus d’enfants handicapés scolarisés
Tout n’est pas sombre pour autant dans le tableau dressé par la Défenseure des droits, qui reconnait que des efforts importants ont été faits ces dernières années. 430 000 enfants handicapés vont ainsi être accueillis à l’école en cette rentrée 2022, un chiffre en hausse de 19 % en 5 ans, sans compter les 67 000 élèves accueillis dans des établissements spécialisés.
Le nombre d’AESH a également augmenté de 35 % lors du dernier quinquennat et le Président Emmanuel Macron a promis de leur fournir des contrats de 35 heures, avec hausse de leur rémunération à la clé.
« Ces avancées, ce n’est pas rien, mais c’est largement insuffisant » estime pourtant Claire Hédon. Dans son rapport, elle avance plusieurs propositions pour continuer de faire progresser le taux de scolarisation des enfants handicapés, comme l’obligation faite à chaque établissement scolaire de budgéter une enveloppe prévisionnelle en cas de demande d’AESH ou encore une réforme de la formation des accompagnants mais également des enseignants.
« L’accompagnement de l’enfant doit être défini en fonction de ses besoins et non pas des moyens disponibles ; ce n’est pas à l’élève de s’adapter à l’école, mais le contraire » conclut Claire Hédon.
Quentin Haroche