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Un allaitement plus bref pour les enfants atteints de troubles du spectre autistique (Dr Alain Cohen, Journal International de Médecine)

Après ajustement des données (présence ou absence d’allaitement, et sa durée en mois) pour certains facteurs concernant l’enfant ou sa mère (relatifs à la démographie et à la grossesse), les auteurs constatent un pourcentage presque identique de mères ayant allaité dans les deux groupes : 85,7 % dans le groupe d’enfants avec TSA et 90,6 % dans le groupe-contrôle. Mais ils notent cependant que les mères d’enfants avec TSA les ont allaités « pendant une période plus brève» : comparativement aux mères d’enfants neurotypiques, les mères d’enfants avec TSA évoquent plus souvent un allaitement de courte (< 6 mois) ou de moyenne durée (entre 6 et 12 mois) qu’un allaitement prolongé (≥ 12 mois).

 

Une causalité inversée, peut-être

Cette association observée entre TSA et durée de l’allaitement est difficile à expliquer : peut-on imaginer un effet protecteur de l’allaitement ou/et un facteur de risque lié à son absence ou à sa brièveté ? Facteur psychologique ? Immunitaire ? Nutritionnel ?… Ou révèle-t-elle seulement une causalité « inversée» car il pourrait exister d’emblée, dans les dyades mère/bébé où l’enfant est à risque de TSA, des difficultés d’allaitement liées à un trouble précoce de l’attachement ou/et à un dysfonctionnement dans la réponse maternelle. En d’autres termes, sans être forcément la conséquence directe de ce trouble précoce de l’attachement ou de l’allaitement, un contexte pré-autistique chez l’enfant pourrait-il contribuer au contraire à le causer ou à l’entretenir ? Cette hypothèse est d’autant plus crédible que l’autisme est considéré désormais comme un trouble du neurodéveloppement, donc présent dès la naissance voire dès la vie intra-utérine…

Comme les auteurs ne sont « pas en mesure de distinguer» si cette différence de durée est due « à des difficultés d’allaitement, à d’autres facteurs non ajustés dans l’étude, ou à un risque plus élevé de TSA résultant d’une durée d’allaitement plus courte», ils suggèrent de développer « des études longitudinales comparant les raisons pour lesquelles les mères mettent fin à l’allaitement chez des enfants avec TSA et des témoins» et « évaluant aussi les interactions entre les gènes de risque de TSA et l’allaitement.»

Référence

Soke GN et coll.: Association between breastfeeding initiation and duration and Autism Spectrum Disorder in preschool children enrolled in the study to explore early development. Autism Research, 2019 ;12 : 816–829.

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