Les comorbidités, une piste pour stratifier les jeunes patients autistes (Damien Coulomb, Le Quotidien du Médecin)
Les enfants atteints d’autismes sont souvent atteints d’autres pathologies avec de grande variation en termes de sévérité et d’âge de début. Or « la présence de ces comorbidités modifie grandement la présentation clinique de l’autisme et une meilleure compréhension de ces pathologies pourrait améliorer le diagnostic et les protocoles thérapeutiques », affirment les chercheurs de l’institut polytechnique Rensselaer, à New York, dans un article publié dans la revue « Autisme Research », proposant une nouvelle classification des patients sur la base de leur comorbidité.
Ces dernières pourraient effet être le reflet de mécanismes physiopathologiques distincts et donc d’étiologies particulières de la maladie.
Pour établir leur classification, les chercheurs ont mené une étude rétrospective sur une cohorte de 3 278 enfants, suivis pendant au moins 5 ans et présentant des troubles du spectre autistique (TSA). Leurs données ont été collectées entre 2000 et 2015 via les bases de données d’assurances privées américaines de santé. Ces enfants ont été comparés à une cohorte témoin de 279 693 enfants de la population générale sans TSA.
Les auteurs ont regardé plus spécifiquement les pathologies suivantes : retards développementaux, épilepsie, pathologies auto-immunitaires, symptômes gastro-intestinaux, troubles du sommeil et troubles psychiatriques. Le suivi de 5 ans a été découpé en 10 périodes d’observation de 6 mois.
Trois groupes distincts:
Les prévalences de toutes les comorbidités étaient significativement plus élevées dans la cohorte des enfants présentant des TSA, que chez les enfants de la population générale, et tout particulièrement pour ce qui concerne les troubles du développement, les troubles psychiatriques, l’épilepsie et les troubles du sommeil.
Les données d’apparition des symptômes furent ensuite analysées par un algorithme dont l’objectif était d’identifier des patterns communs à de larges groupes de patients. Trois ensembles ont été ainsi identifiés : un premier groupe (23,7 % de la cohorte) caractérisé par un fort taux de comorbidités, un second caractérisé par un taux intermédiaire (26,5 %), et un troisième groupe ayant une prévalence faible et rassemblant la moitié des patients. Dans ce dernier groupe, seuls les retards du développement étaient significativement plus fréquents que dans la population générale. C’est aussi dans ce 3e groupe que le diagnostic de l’autisme est, en médiane, le plus tardif. Cette dernière observation s’expliquerait, selon les auteurs, par le fait que ces patients sont moins souvent en contact avec le système de santé. Les auteurs préconisent la tenue de travaux pour évaluer une éventuelle relation statistique entre la fréquence des comorbidités et la sévérité des TSA.
L’analyse statistique indique également que certaines comorbidités ont tendance à apparaître au cours des mêmes périodes de temps. C’est ainsi le cas des troubles gastro-intestinaux et des pathologies auto-immunes d’une part et de l’épilepsie et des troubles du sommeil d’autre part. Cette observation conduit les chercheurs à s’interroger sur des mécanismes communs qui lieraient ces pathologies entre elles et à l’autisme.
Les catégories proposées par les chercheurs de l’Institut polytechnique Rensselaer « pourraient constituer la base d’un système de classification de différents sous-types d’autisme », affirment les auteurs. Un tel système de classification serait pertinent pour améliorer le recrutement des patients dans les programmes de recherche fondamentale et de recherche clinique.
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