Risque d’autisme : confirmation du rôle bénéfique de la supplémentation en vitamines pendant la grossesse (Damien Coulomb, Le Quotidien du Médecin)
Une équipe de chercheurs israéliens, menés par le Dr Stephen Levine (université d’Haïfa) vient d’apporter une preuve supplémentaire de l’effet des compléments vitaminiques avant et au cours de la grossesse sur la réduction du risque d’autisme chez l’enfant à naître.
L’étude cas-contrôle a porté sur 45 300 enfants israéliens, nés entre 2003 et 2007 et suivis jusqu’au 26 janvier 2015. Les cas étaient les 572 enfants ayant développé des troubles du spectre de l’autisme (TSA). Ils ont été comparés à un échantillon composé aléatoirement d’un tiers des enfants de l’ensemble du groupe, soit 15 100 enfants. Les auteurs précisent que 26,6 % des enfants sont nés de mères ayant pris de l’acide folique ou des suppléments vitaminiques avant la grossesse, et que 48,3 % sont nés de mères en ayant pris au cours de la grossesse.
La prise d’acide folique et/ou d’autres suppléments vitaminés avant la grossesse (jusqu’à 1 an et demi avant) est associée à une diminution de 61 % du risque de TSA. La prise au cours de la grossesse est associée à une diminution de 73 %. Les expositions à l’acide folique seul avant et au cours de la grossesse sont associées à des diminutions du risque de TSA de respectivement 44 et 68 %, et les expositions aux autres suppléments vitaminés à une diminution du risque de 64 % (avant la grossesse) et 65 % (au cours de la grossesse).
Les auteurs ont ensuite pris en compte un à un tous les facteurs covariants possibles : sexe, présence d’un jumeau, antécédents familiaux psychiatriques, déficience maternelle en vitamines, etc. La diminution du risque de TSA restait statistiquement significative à chaque fois.
Des études qui ne concordaient pas
« Les études épidémiologiques fournissent des associations inconsistantes entre supplémentation maternelle en vitamines avant et au cours de la grossesse et risque de TSA », expliquent les auteurs. L’étude cas contrôle californienne CHARGE (CHildhood Autism Risk from Genetics and Environment) avait montré une association entre augmentation du risque d’autisme et prise d’acide folique et/ou de supplément vitaminique entre 12 semaines avant la grossesse et 4 semaines après son début. À l’inverse, des travaux danois publiés en 2016 n’étaient pas parvenus à démontrer un effet significatif de ces supplémentations sur le risque d’autisme.
L’étude israélienne « est la première à pouvoir examiner l’effet d’une prise d’acide folique ou de supplément vitaminé sur une longue période de temps avant la grossesse », affirment les auteurs. Associés à l’étude systématique des facteurs confondants, ces résultats poussent les auteurs à affirmer que « la réduction du risque d’apparition de troubles du spectre de l’autisme est une action de santé publique qui pourrait être réalisée en étendant l’usage de l’acide folique et des compléments multivitaminés au cours de la grossesse ».