Une même zone cérébrale impliquée dans l’épilepsie et les troubles psychiatriques (Fabienne Rigal, Le Quotidien du Médecin)
Dans une étude publiée dans « Cell Reports », des scientifiques californiens ont identifié différents types de neurones, impliqués dans les crises d’épilepsie et des troubles psychiatriques tels que la schizophrénie ou le TDAH (troubles du déficit de l’attention), et situés dans le noyau réticulaire thalamique. Une piste pour agir sur ces maladies.
Le noyau réticulaire thalamique est impliqué dans plusieurs fonctions (attention, perception, conscience…). Des perturbations survenant dans cette région peuvent conduire à des crises d’épilepsie mais aussi à la schizophrénie ou au TDAH. Mais on ne dispose que de peu d’information sur le fonctionnement des neurones dans cette région.
« Avant notre étude, on pensait que le noyau réticulaire thalamique était composé d’un seul type de neurones », précise Alexandra Clemente, première auteure de l’article. « Nous avons montré chez les souris qu’au moins deux types de neurones différents sont présents, chacun avec des propriétés, rôles et localisation particulières. »
Ces deux types principaux de neurones peuvent être différenciés du fait des protéines distinctes qu’ils produisent : soit la parvalbumine (PV) soit la somatostatine (SOM). Les chercheurs ont aussi montré pour al première fois que ces deux types de cellules existaient dans le noyau réticulaire thalamique humain.
Un noyau réticulaire thalamique, deux types de cellules, deux fonctions cérébrales
« Ces deux types de cellules contrôlent des fonctions cérébrales différentes », précise Jeanne Paz, auteure senior de l’article. « Nous avons ainsi observé que les cellules PV pouvaient être ciblées pour contrôler les crises d’épilepsie, alors que les cellules SOM sont impliquées dans la cognition et l’émotion et que des perturbations dans ces cellules peuvent conduire au TDAH et à la schizophrénie. »
Les chercheurs ont utilisé l’optogénétique pour cibler et étudier ces deux types de cellules dans un modèle murin. Cette combinaison du génie génétique et de l’optique permet en effet de stimuler spécifiquement un type de neurones. « Nos résultats ont montré que cibler les cellules PV pouvait perturber les crises d’épilepsie, alors que cibler les cellules SOM n’avait pas d’effet sur celles-ci. Ce qui montre que les deux types de cellules ont des rôles très différents dans la maladie. Il s’agit maintenant de déterminer si le fait de cibler ces cellules pourrait aider à traiter les crises d’épilepsie ; et si l’interaction entre les deux types de cellules pourrait expliquer l’existence de crises d’épilepsie chez des patients schizophrènes, déments, ou atteints de certaines formes d’autisme. »
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